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4 septembre 1870, cette caisse a dû pourvoir à diverses opérations concernant la distribution des farines, le rationnement du pain, le ravitaillement, et dont le compte n’est pas réglé ; il y aura encore à solder les bons remis aux boulangers, les pertes occasionnées par l’incendie des greniers d’abondance. Le préfet de la Seine estime toutes ces dépenses à 9 millions. Les répétitions de la caisse de la boulangerie vis-à-vis de la caisse des travaux peuvent donc se borner à ce chiffre ; mais, s’il y a plus tard élévation dans le prix du pain, et si on veut l’atténuer, la ville aura encore dissipé une précieuse ressource. Quoi qu’il en soit, au lieu des 36 millions que l’on se proposait l’an dernier de faire reverser par la caisse des travaux dans celle de la ville, c’est à la somme de 9 millions seulement qu’il s’agit en ce moment de pourvoir, ce qui au total porte à 102 millions le chiffre de la liquidation de la caisse des travaux. Dans la répartition que nous avons à faire du déficit laissé par l’empire, la guerre étrangère et la guerre civile, il va sans dire que la liquidation de la caisse des travaux est une des charges de la première période, de même que le remboursement de la dette au Crédit foncier.

La contribution de guerre de 200 millions payée à la Prusse n’entre pas, cela va sans dire, dans cette catégorie des dettes anciennes. Il faut rappeler ici, pour rendre justice à qui de droit, que, si la Banque de France a généreusement prêté son concours à la ville pour faire l’avance de cette somme, le patriotisme de nos principales maisons de banque n’a pas été moins méritoire : elles ont engagé leur signature et se sont prêtées à toutes les combinaisons de change que nécessitait le refus de l’ennemi d’accepter pour un chiffre supérieur à 50 millions les billets de notre grand établissement national. Les frais d’achat de numéraire et de change de cette énorme affaire avaient été évalués à 10 millions, et la ville les avait empruntés en plus ; mais, par suite des comptes qui viennent de lui être remis, elle est rentrée dans 8 millions sur les 10 prévus. Devra-t-elle en définitive supporter seule la charge de cette contribution de 210 millions, de même que les autres dépenses de la guerre, ou en récupérera-t-elle une part dans les indemnités accordées aux départemens envahis ? C’est à cette dernière solution que s’arrêtent le préfet de la Seine et le conseil municipal. La liquidation des dépenses du siège en serait sensiblement allégée ; mais en attendant, comme la ville s’est reconnue débitrice vis-à-vis de la Banque et lui a même accordé à titre de garantie 42 millions à prendre sur les revenus de l’octroi, il y a lieu de remplir au plus tôt les engagemens contractés ; nous ajouterions peut-être qu’il convient de ne pas trop compter sur le succès des réserves faites contre l’état.