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Tous les plaidoyers qui nous restent se placent entre les années 399 et 384. C’est par conséquent vers trente-cinq ans que Lysias, rendu plus sérieux par les épreuves qu’il avait traversées, inspiré par de nobles passions qui échauffant et transforment son talent, encouragé par le succès de son action contre Ératosthène, aurait renoncé aux vanités du discours d’apparat pour cultiver la véritable éloquence, l’éloquence politique et judiciaire ; de rhéteur et de sophiste, il devint, comme nous dirions, le premier avocat d’Athènes. D’après son biographe, il serait mort en 378, c’est-à-dire entre cinquante et cinquante-cinq ans.


II.

L’ordre dans lequel nous sont arrivés les discours de Lysias semble indiquer les débris de deux recueils différens. Le premier aurait compris les œuvres complètes de Lysias classées d’après la nature des procès ; nous en aurions un fragment qui contient les derniers discours dans des causes d’homicide φονικαὶ δίκαι, les discours prononcés dans des procès pour crime d’impiété περὶ ἀσεβείας, et ceux qui traitent du délit d’injures περὶ κακολογιῶν. Soit hasard, soit caprice, l’éloge funèbre ἐπιτάφιος λόγος se trouve parmi ces plaidoyers.

Le second recueil, qui commencerait au discours contre Ératosthène, placé le douzième dans notre collection, n’offre plus trace d’un ordre systématique ; c’est un choix fait dans toute l’œuvre de Lysias, sorte de chrestomathie, dont l’auteur paraît avoir été guidé surtout par l’intérêt historique.

On faisait circuler chez les anciens, sous le nom de Lysias, 425 discours, dont 230 ou 233 passaient pour authentiques ; nous n’en avons plus que 34, dont 2 encore me paraissent pouvoir être, pour de bonnes raisons, déclarés apocryphes. Ce sont les deux qui ont pour titre : Éloge funèbre des alliés des Corinthiens et Accusation de sacrilège contre Andocide. Des 32 qui restent, plusieurs ne sont pas entiers ; de quelques-uns, de 3 ou 4, on n’avait conservé que la péroraison. Les deux derniers, le Discours olympique et le discours pour prouver qu’il ne faut pas abolir à Athènes l’ancienne constitution, ne sont que des fragmens. Il y a tout lieu de regretter vivement les 200 discours perdus ; ce riche répertoire nous aurait offert le tableau le plus exact et le plus varié de la vie publique et privée d’Athènes pendant les vingt premières années du IVe siècle. En effet, on trouve dans ces plaidoyers bien des renseignemens que ne nous donnent point les historiens sur les luttes des partis, sur