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tefois désorganiser l’administration, ni mettre en péril les intérêts du pays.

Et d’abord le nombre des départemens ministériels n’est pas indifférent. Il faut le maintenir dans les limites les plus étroites. L’existence de chaque ministère impose au budget une dépense assez lourde. Indépendamment du matériel, de l’hôtel du ministre et de tous les frais qui s’y rattachent, il y a le traitement de ce haut fonctionnaire, il y a l’entretien de tout l’état-major administratif qui gravite autour de lui, et qui coûte fort cher, le secrétaire-général, le chef du cabinet, puis les directeurs et les chefs de division, dont il faut un certain nombre pour donner au département la consistance et l’éclat voulus. Vers la fin de l’empire, le cabinet se composait de dix ministres. On avait coupé l’ancien ministère de l’agriculture, du commerce et des travaux publics en deux parties, qui étaient devenues l’une le ministère de l’agriculture et du commerce, l’autre celui des travaux publics. On avait également détaché de la maison de l’empereur l’administration des beaux-arts, dont on avait fait un ministère avec des lambeaux enlevés à l’intérieur, à l’agriculture et aux travaux publics. Depuis le 4 septembre, ce dernier ministère a été supprimé, ce qui a ramené à neuf le nombre des départemens ministériels. On pourrait les réduire à huit en réunissant de nouveau dans une seule main les services de l’agriculture, du commerce et des travaux publics. La séparation de ces départemens en 1869 avait occasionné une augmentation de dépense de 350,000 francs; c’est une économie d’autant qu’on réaliserait en les réunissant de nouveau.

Chaque fois que les événemens imposent la nécessité de réformes financières, l’opinion réclame en première ligne des économies sur le personnel des employés et des fonctionnaires publics. Incontestablement, dans les circonstances actuelles, il faut procéder à des réductions de ce genre. La perte du territoire que nous avons dû céder entraine de soi la suppression des agens de toute espèce qui concouraient à leur administration. D’un autre côté, la pénurie du trésor ne permet d’entretenir que les employés indispensables. On doit donc faire disparaître impitoyablement toutes les sinécures, tout ce qui n’a été jusqu’ici qu’un prétexte à revenus pour des inutiles. Les emplois de l’état sont l’objet de convoitises nombreuses. Avec la considération qui les entoure, la jeunesse y recherche les loisirs qu’ils ont la réputation de laisser. L’ambition des familles, excitée par la perspective de ces avantages, fait jouer pour les obtenir tous les moyens et toutes les influences, et les ministres, fatigués par d’incessantes obsessions, ont quelquefois la faiblesse d’acheter leur repos aux dépens de l’état, et de satisfaire les solliciteurs par la création d’emplois superflus. Le nouvel ordre de