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Ces considérations méritent certainement d’être mises en balance avec celles qui ont introduit le principe de la rémunération du député. Cette rémunération, il est vrai, se déduit logiquement de l’état de notre société démocratique. Tout citoyen pouvant accepter le mandat de représentant, quelle que soit sa fortune, doit trouver les moyens de vivre lorsqu’il donne son temps au service de l’état; mais dans la pratique on peut se convaincre que la pauvreté absolue est un fait rare parmi les membres de l’assemblée, et il est exorbitant de grever le budget d’une grosse dépense pour allouer l’indemnité aux quelques députés à qui elle est nécessaire.

Le principe de la rémunération n’est d’ailleurs ni aussi fondamental, ni aussi essentiel qu’on veut bien le dire, sans quoi il régnerait depuis longtemps à tous les degrés de la représentation publique. Or les conseils municipaux, les conseils-généraux, les maires et adjoints, ne reçoivent pas de récompense pécuniaire. Ils donnent cependant, comme les députés, leur travail et leur temps à des affaires multiples, souvent longues et absorbantes. Les conseillers-généraux sont obligés à des déplacemens coûteux. Pourquoi ne pas les traiter sur le même pied? pourquoi ces variations dans la règle ? pourquoi deux poids et deux mesures ? pourquoi ne pas rétablir l’harmonie dans toute la série des représentans du pays en adoptant pour tous la gratuité?

Nous n’avons rien à dire du supplément à la dotation de la Légion d’honneur, si ce n’est qu’il importe d’être avare, très avare, de décorations. On obtiendra par là le double avantage, d’abord de conserver à ces distinctions tout leur prix, ensuite de ne pas obliger le budget à supporter une nouvelle augmentation du crédit qui leur est actuellement affecté. Il serait même nécessaire de décider que cette allocation ne saurait être accrue, et que les derniers légionnaires nommés n’auront droit au traitement qu’au moment où les extinctions laisseront disponible une partie de la dotation.

Quant aux dépenses du pouvoir exécutif, elles viennent d’être réglées par l’assemblée nationale. Le traitement du chef du gouvernement a été fixé à 480,000 francs par an, et le service de ses bureaux et de sa maison à 131,900 fr., soit en tout 611,900 fr. Le chiffre total des dotations se trouverait ainsi réduit à 13,500,000 fr., ce serait une diminution de 36 millions sur l’ancien budget, qui comprenait ces dépenses pour 49,500,000 francs.


III.

Les services généraux des ministères doivent être soumis à l’examen le plus sérieux; ils doivent recevoir toutes les simplifications propres à produire au trésor des économies importantes, sans tou-