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néfice du taux de l’intérêt. Ce résultat serait atteint, si l’on pouvait faire accepter à la Prusse de la rente 5 pour 100 en paiement des trois derniers milliards. Ces titres seraient entre ses mains un nantissement plutôt qu’un paiement définitif; à l’expiration de la troisième année, la France aurait la faculté de l’es retirer et de verser en échange la valeur en argent. À ce moment, la rente publique aura vraisemblablement regagné une partie du terrain perdu ; le 3 et le 5 pour 100 pourront s’émettre au cours de 60 et de 100 francs, c’est-à-dire à 5 pour 100, et de cette façon l’économie annuelle de 30 millions sera conservée au trésor français.

En supposant que les choses se réalisent suivant nos calculs et nos espérances, le chiffre total des intérêts de l’indemnité de 3 milliards sera de 150 millions, qui, joints aux 209 millions provenant des autres emprunts, formeront la somme de 359 millions représentant l’augmentation du service de la dette publique depuis le 1er janvier 1870. Le traité de paix ne contient aucune stipulation particulière en ce qui concerne la part de la dette afférente aux territoires cédés à la Prusse. N’y aurait-il pas lieu cependant d’espérer que, conformément aux usages du droit public, cette portion sera déduite du montant de l’indemnité due par la France? En opérant cette déduction proportionnellement aux revenus des provinces détachées de notre territoire, qui étaient compris pour un trentième environ dans les recettes totales du budget, on soulagerait la dette de 24 millions de rente, ce qui réduirait à 335 millions l’accroissement de son chiffre depuis un an.

L’Alsace et la partie de la Lorraine abandonnées à l’Allemagne produisaient à peu près 58 millions au trésor. En évaluant à 20 millions la dépense de ces provinces, il résulte au préjudice de la France une diminution de 38 millions en produit net. Cette perte de ressources réunie à l’augmentation des dépenses de la dette élève à 373 millions l’écart que les nouveaux budgets sont appelés à faire disparaître.


II.

Deux moyens, avons-nous dit, doivent concourir à ce but : les économies d’abord et les augmentations d’impôts ensuite. Pour ces derniers, le travail a déjà été fait ici avec une grande compétence par M. Victor Bonnet[1]. Nous n’aurons donc à nous occuper que des économies. Parmi les divisions dont se compose le budget, trois

  1. Voyez, dans la Revue des 1er et 15 avril, les Impôts après la guerre, par M. Victor Bonnet.