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dans chaque faction des notaires pour rédiger les actes et tenir les comptes, des chartulaires pour garder les archives, des mandatores pour porter les ordres du démarque, des poètes en titre pour composer les vers en l’honneur du prince, des mélistes pour les mettre en musique, des chefs d’orchestre pour les faire chanter, des organistes pour l’accompagnement des chœurs, des peintres et des sculpteurs pour fabriquer ces images de l’empereur et de l’impératrice qui ornaient l’hippodrome, la couronne de lauriers sur la tête ; il fallait des tchaous pour maintenir l’ordre dans le cirque, des officiers de l’urne pour veiller sur les opérations du tirage au sort des places que devaient occuper les chars, des gardes de barrières chargés de les abaisser lorsqu’on donnait le signal de la course, des préposés au vestiaire qui veillaient à la conservation des couronnes et des casaques d’or des cochers, une infinité d’employés pour les écuries, pour l’entretien de l’arène, pour la police des jeux, sans compter les danseurs, mimes, acrobates, saltimbanques, etc. Il leur fallait surtout des cochers et des chevaux ; les uns et les autres méritent une mention à part.


II.

Nos sociétés de courses se proposent l’amélioration de la race chevaline ; nos courses plates ou nos steeple-chases ont pour objet de mettre dans tout leur jour les qualités de vitesse, d’énergie, de résistance, d’un cheval destiné à faire un reproducteur célèbre et à procréer une race de victorieux. À Byzance, on ne paraît pas avoir eu cette préoccupation. Sans doute les Grecs du moyen âge recherchaient dans tout l’Orient les belles races de chevaux, leurs officiers de remonte parcouraient les marchés de l’Arménie, de la Syrie arabe, de la Bulgarie, les sultans d’Egypte et les califes de Bagdad envoyaient à l’empereur leurs plus fiers étalons, à l’œil de feu, aux jarrets d’acier ; mais on vantait surtout le luxe des écuries et des haras impériaux. Les chevaux étaient de la part des riches patriciens et des empereurs hippomanes l’objet des soins les plus délicats. À Rome, on avait vu Incitatus, le cheval de Caligula, devenir consul ; Héliogabale faisait servir à ses coursiers des raisins secs d’Apamée ; Vérus des dattes et des pistaches. Ce dernier empereur portait sur ses vêtemens royaux la figure de Volucris, son cheval favori, comme nos turfistes portent à leur cravate des têtes de cheval montées en épingle ; dans leurs écuries de marbre blanc, on parait ces nobles animaux de colliers de perle, on leur dorait la corne des pieds, on leur apportait, en récompense de leurs victoires, des bassins remplis de pièces d’or. Quand on voulait les préparer pour la course