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noises prétendent-elles qu’un grand nombre des convertis sont de malhonnêtes gens qui ne voient dans le baptême qu’un moyen économique d’acquérir des protecteurs puissans. Il ne nous surprend pas que les mandarins sèment des bruits de ce genre ; mais nous avons lieu d’être surpris que les Anglais y ajoutent foi. Lorsqu’ils insinuent ensuite que, les intérêts commerciaux de la France étant incomparablement moindres que ceux de la Grande-Bretagne, nos consuls et leurs protégés devraient conserver une attitude plus humble à l’égard des Chinois, on est bien obligé de leur rappeler qu’il y a autre chose dans le monde que des affaires d’argent, que, si notre pays a partagé les périls et les charges de l’expédition de 1859, il doit aussi en partager les profits et en jouir comme il l’entend, et qu’en définitive la liberté de la prédication chrétienne est garantie par le traité de Tien-tsin aussi bien que la liberté du commerce.

De ce qui précède ne résulte-t-il pas que lord Granville avait mauvaise grâce à se plaindre au sein de la chambre des lords de la conduite imprudente des missionnaires catholiques ? Il n’avait pas moins tort d’attribuer le massacre du 21 juin à la nonchalance des mandarins, qui notoirement n’avaient été que trop actifs dans cette sanglante affaire ; le récit des faits que l’on vient de lire le prouve surabondamment. Quant à une prétendue haine à l’égard de l’étranger, c’est une erreur profonde d’attribuer au peuple entier un sentiment que les classes élevées éprouvent seules ; tout indique au contraire que les gens du commun, doux et hospitaliers par nature, ne partagent pas les répugnances intéressées des mandarins ; laborieux, âpres au gain, ils comprennent à merveille que la présence des Européens, tout en les enrichissant, les allège en partie du joug des mandarins.

Allons au fond des choses : la question chinoise, qui se dresse à l’improviste en un moment si peu opportun, n’est qu’une des faces toutes pareilles de la situation extérieure de la Grande-Bretagne. En Chine, comme en Europe et aux États-Unis, la politique égoïste du cabinet Gladstone accule cette grande nation dans une impasse d’où elle ne peut sortir que par une humiliation ou par une catastrophe : encore n’est-elle pas certaine d’avoir toujours le choix. N’est-ce donc que comme appoint de la France que l’Angleterre a compté depuis vingt ans dans les affaires du monde, puisque, la France se retirant, l’Angleterre s’efface ? Les meurtres de Tien-tsin ne sont pas encore vengés, ils ne le seront pas : nous sommes hors d’état d’entreprendre en ce moment une expédition lointaine, et les autres puissances ne manifestent pas l’intention d’agir à notre place avec l’énergie que nous aurions montrée en