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LA
MARINE D’AUJOURD’HUI

III.
LA GUERRE D’ITALIE. — LES INSTITUTIONS NÉCESSAIRES.


I.

Le rôle de la marine française a été moins actif et moins brillant pendant la campagne d’Italie qu’il ne l’avait été pendant la campagne de Crimée[1]. L’apparition de nos escadres dans l’Adriatique ne fut point toutefois un événement sans importance ; elle mit un terme aux hésitations qui tenaient en suspens la conclusion de l’armistice de Villafranca, et prévint ainsi une conflagration générale. Nous savons aujourd’hui que cette conflagration eût amené, douze ans plus tôt, la ruine de la France. L’Adriatique avait été jusqu’en 1858 une mer à peu près fermée ; le gouvernement autrichien mettait un soin jaloux à en exclure les navires de guerre étrangers. J’y ai conduit deux fois une division détachée de l’escadre de la Méditerranée : la première fois, pour apporter au Monténégro l’appui de notre pavillon ; la seconde, pour bloquer dans Venise l’escadre que commandait alors l’archiduc Maximilien. Il y a de singuliers rapprochemens en ce monde. Pendant que nous étions mouillés à quelques milles du Lido, un aviso rapide se sortir du port en plein jour et s’approcher à poilée de canot de nos bâtimens. Nous le poursuivîmes jusqu’à l’extrême limite des hauts--

  1. Voyez la Revue du 15 juillet et du 1er  août.