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Je ne suis pas étonné que M. Aube se serve contre moi de la maxime nouvelle, qui a cours aujourd’hui parmi les personnes inexpérimentées dans l’art de la guerre, « qu’on doit toujours et quand même marcher au canon. »

Le 9 novembre 1870, la 1re  division du 15e corps a marché pendant quatorze heures au canon de Coulmiers, bataille qui ne devait être livrée que le 11, ce qui aurait permis à cette division d’arriver sur les derrières de l’ennemi. Mais cette fraction du 15e corps était libre de ses mouvements, et son devoir était de faire tous ses efforts pour remplir son importante mission.

Le 28 novembre au contraire, cette même division, étendue sur un front de 30 kilomètres, puisque ses éclaireurs, le corps Cathelineau et la légion bretonne, combattaient le même jour à Courcelles avec le 20e corps, gardait les quatre défilés qui conduisaient d’Étampes, Pithiviers et Montargis sur Orléans.

La possession d’un seul de ces défilés par l’ennemi aurait isolé l’aile droite du reste de l’armée et coupé le centre de ses communications avec Orléans.

Dans ces conditions, la 1re  division ne quitta pas ces importantes positions, et attendit, pour envoyer du secours à une armée de 63,000 hommes qui manœuvrait régulièrement pour se rapprocher d’elle, que ce secours fût nécessaire et par conséquent demandé. Elle le fit aussitôt avec la plus grande diligence, en dirigeant sur Chambon, aux ordres du général Crouzat, 7,000 hommes et 3 batteries d’artillerie, devant opérer sur le flanc droit de l’ennemi et soulager le 20e corps, sans affaiblir trop sensiblement la situation qu’elle avait à sauvegarder.

Si, le 3 décembre, la 1re  division quitta ses positions, c’est qu’elle avait reçu du commandant en chef, à quatre heures cinquante minutes du matin, le télégramme suivant :


« Général en chef à général Des Pallières. — Chilleurs par Loury.

« Revenez dès aujourd’hui et le plus tôt possible reprendre vos positions anciennes de Saint-Lyé et de Chevilly, avec toutes les forces possibles, en ne laissant que ce qui est nécessaire pour garder la forêt.

« Le mouvement en avant fait par le général Chanzy, soutenu par vos 2e et 3e divisions, n’a pas réussi. Ordre est donné d’occuper les anciennes positions devant Orléans. »

« D’AURELLE. »


Ce jour même, nous devions marcher en avant ; à quatre heures cinquante minutes du matin, tous les ordres étaient expédiés en ce sens ; il fallut donner des instructions nouvelles, et comme, à l’exception des quatre artères défendues par la 1re  division, toutes les routes de la fo-