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sions, siens, » où on chauffe dans des tubes de verre, sous une pression énorme, des liquides à une température très supérieure à leur point d’ébullition. Voici maintenant des endroits où s’exécutent des travaux plus délicats. C’est en premier lieu la chambre des balances de précision, puis la salle des instrumens de physique, tels que machines pneumatiques, thermomètres, baromètres, microscopes, vases gradués, appareils à densité. Un cabinet noir est affecté aux expériences d’optique qui nécessitent l’emploi du polarimètre ou du spectroscope. Une autre chambre renferme un outillage spécial pour l’analyse des gaz. Dans une galerie paisible, on voit rangées des collections de produits, d’échantillons, de modèles, qui servent aux démonstrations de l’enseignement oral. Les provisions de toute nature, drogues, charbon, verrerie, sont logées dans un vaste sous-sol éclairé, où se trouve aussi un générateur chargé de distribuer la vapeur dans les étuves et les divers appareils distillatoires.

Cette description du laboratoire idéal s’applique de tout point aux établissemens que possèdent aujourd’hui les plus célèbres universités allemandes : Berlin, Bonn et Leipzig. A un quart d’heure de Bonn, sur une colline qui commande la vue du Rhin et des montagnes du Siebengebirge, sont situés le village et le château de Poppelsdorf, ce dernier autrefois la résidence d’été de l’électeur, maintenant le siège de l’observatoire astronomique et du musée d’histoire naturelle. C’est dans le voisinage de ce château qu’ont été jetées au commencement de 1865 les fondations du laboratoire monumental qui fait aujourd’hui la gloire de l’université de Bonn, et à la tête duquel se trouve un chimiste éminent, M. Kekulé. Le bâtiment offre la forme d’un rectangle dont les longs côtés sont les façades latérales. L’espace circonscrit par ce corps de bâtiment est divisé en quatre cours intérieures par une construction en croix dont les ailes viennent tomber perpendiculairement sur les côtés du rectangle. Il y a trois grandes salles destinées aux recherches de chimie, les deux premières pour les élèves, répartis en deux divisions, et la troisième pour les jeunes chimistes qui désirent entreprendre des travaux originaux. Le laboratoire de physique, sous la direction de M. Landolt, est annexé aux précédens. Toutefois l’éclat de ce laboratoire est effacé par le lustre tout récent de celui de l’université de Berlin. En 1863, on y était encore fort arriéré sous ce rapport. À cette époque, M. Hoffmann fut appelé à Berlin pour occuper la chaire de chimie que laissait vacante la mort de Mitscherlich. Il accepta, mais à la condition qu’un nouveau laboratoire richement doté serait mis à sa disposition. Le ministre le lui promit, et trois ans après, dans un des plus beaux quartiers