Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 94.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est entièrement consacrée aux produits du goût et de l’imagination, pour lesquels la France a depuis longtemps une suprématie incontestée.

On s’abuserait beaucoup, si on pensait trouver à Londres l’équivalent de notre grande exposition de 1867; d’ailleurs le système adopté par les Anglais est tout à fait différent de celui qui a prévalu chez nous : il n’en est pas moins intéressant à étudier, puisque les modifications qu’ils ont apportées au nôtre étaient, suivant eux, dictées par l’expérience du passé. A Paris, les produits de tous les genres ont été appelés à figurer ensemble pendant un laps de temps déterminé dans des constructions provisoires dont il ne reste plus de trace aujourd’hui. Le vaste édifice élevé à Londres sur les plans du colonel Scott présente au contraire un caractère définitif, il est destiné à recevoir en permanence une exposition internationale; mais ce n’est pas comme la nôtre une exposition universelle, et, si toutes les nations sont appelées à y prendre part à la fc4s, les différentes catégories de produits n’y pourront être admises que l’une après l’autre. Pendant le temps qui s’écoule chez nous entre deux expositions universelles, l’Angleterre aura vu passer successivement et à tour de rôle toutes les formes du travail humain.

Les beaux-arts ont été appelés les premiers, ainsi que les industries qui s’y rattachent directement, et, comme ils suffisaient à remplir presque toute la place, la poterie et les tissus de laine forment à eux seuls la part de l’industrie proprement dite. L’exposition des poteries est elle-même divisée en deux parties, et la plus importante est celle qui se rattache aux beaux-arts par l’aspect décoratif. Une longue galerie de machines en mouvement montre les divers systèmes adoptés pour la fabrication des tissus de laine, et le jardin qui l’accompagne renferme les animaux qui produisent les matières premières. On voit là des lamas, des chèvres du Thibet et de la vallée de Cachemire, des moutons mérinos prêtés par la Société zoologique de Londres; mais, si intéressante que soit cette section pour les hommes spéciaux, elle ne forme qu’un accessoire dans l’exposition, où les beaux-arts trônent en souverains. Ainsi constituée, l’exposition va durer jusqu’à l’hiver, et au printemps prochain elle fera sa réouverture avec des produits différens.

Avant d’entrer dans l’examen des salles, nous devons signaler une innovation due à l’initiative du commissaire français, M. Du Sommerard, parce qu’elle nous semble d’une grande importance pour l’intérêt de nos producteurs. La commission française, trouvant que la disposition adoptée pour le classement des ouvrages serait défavorable à nos exposans, a demandé et obtenu dans le local de l’exposition la concession d’un terrain sur lequel la France a fait con-