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LES
EXPLORATIONS SOUS-MARINES

On the Temperature and animal life of the deep sea, by W. B. Carpenter, proceedings of the Royal Institution, voI. IV.

L’océan est un monde à côté du nôtre : il nous touche par ses bords, nous voguons à sa surface; en réalité, nous avons ignoré jusqu’ici ce que dérobent ses profondeurs. Là où le regard et l’effort le plus obstiné ne servent de rien, l’esprit doit replier son aile ou prendre celle de la rêverie. C’est ce qu’avait fait autrefois Platon, dont la pensée nous arrêtera un instant à cause de la beauté idéale dont il a su la revêtir. Le contraste n’en sera que plus vif avec les procédés méthodiques de la science moderne, que nous aborderons ensuite. Le philosophe fait dire à Socrate que la terre consiste en une réunion de cavités immenses, aux parois escarpées et inaccessibles, placées à des niveaux différens et remplies de fluides, les uns plus lourds, les autres moins denses et par conséquent superficiels. L’air, plus léger que l’eau, mais moins subtil que l’éther, tiendrait le milieu entre ces fluides; les hommes y seraient plongés sans communication possible avec le monde supérieur, c’est-à-dire avec la surface terrestre véritable. Dans ces hautes régions, des êtres plus parfaits que nous vivraient au sein de l’éther lumineux. Selon Platon, de pareils êtres voient s’étendre à leurs pieds l’atmosphère, comme nous les vagues de l’océan, sans se douter qu’il existe au-dessous d’eux des hommes, des animaux et des plantes. Si nous pouvions monter plus haut que les oiseaux, jusqu’aux dernières limites de l’atmosphère, nous apercevrions sur nos têtes cet autre univers, aux yeux duquel nous sommes une mer aérienne semblable à celle que for-