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finances. La rémunération des trésoriers-payeurs et des receveurs particuliers se compose d’un traitement fixe, et de commissions sur les recettes et les paiemens. Cette rémunération, augmentée de quelques bénéfices de banque, atteint pour certains trésoriers un chiffre élevé. Il serait facile de la réduire. En effet, la nécessité d’un gros profit pour les titulaires des trésoreries et des recettes n’existe que dans le cas où le crédit de l’état, ébranlé par les événemens, a besoin d’être secondé par le crédit de riches particuliers. On doit alors payer le concours personnel donné pour raffermir les finances chancelantes; mais, lorsque l’état n’a pas besoin de ce concours, lorsque le receveur n’a par lui-même aucune puissance financière, et que son crédit dérive non de sa propre fortune, mais des fonctions qu’il occupe, un émolument trop considérable est non plus le prix d’un service rendu réellement au pays, mais un acte de munificence envers un protégé, un bénéfice, une prébende, et c’est précisément ce que la France n’est plus assez riche pour supporter.

Nous avons trop de confiance dans le crédit de l’état, malgré nos malheurs, pour attacher au concours des agens de la trésorerie une importance exagérée qu’on ne saurait trop chèrement acheter, et nous n’aurions aucun scrupule à réaliser une économie sur les trésoreries et les recettes. On pourrait procéder de deux manières, soit par l’abaissement du tarif des commissions, soit par la suppression de la partie variable de l’émolument, et par la constitution d’un traitement fixe d’un chiffre équitablement réglé et plus ou moins considérable suivant l’importance de la recette. Si l’on adoptait ce dernier moyen, on pourrait diviser les comptables en plusieurs classes, par exemple les trésoriers-payeurs-généraux en trois classes et les receveurs particuliers en quatre. Les premiers recevraient de 15,000 à 25,000 francs, et les seconds de 6,000 à 10,000. On allouerait en outre, à titre de frais de bureau, 12,000 francs en moyenne aux trésoriers-payeurs et 3,000 aux receveurs particuliers. La dépense réglée d’après ces bases serait inférieure de 2,500,000 francs à la dépense actuelle.

Nous venons de parcourir les différentes parties du budget sur lesquelles il ne nous semble pas impossible d’obtenir des économies. Il nous reste à les résumer. Sur la dette publique, par la conversion de l’emprunt Laurier, on réduit la dépense de 4,500, 000 francs, déduction faite d’une augmentation de 1 million sur la dette viagère. Les dotations offrent une économie de 36 millions par la suppression de la liste civile, du sénat, et par la gratuité des fonctions de député. Les services généraux des ministères peuvent être réduits de 202 millions 1/2, au moyen de réformes dans le personnel administratif, par la réorganisation de l’armée, la diminution de la marine, le ralentissement des travaux publics. Enfin on peut