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le nombre des navires et le nombre des voyages imposés à ces compagnies, on pourrait réaliser sur le chiffre des subventions une diminution proportionnelle qu’il n’est pas déraisonnable d’évaluer à 6 millions. Il faut aussi comprendre parmi les économies les augmentations de dépense qui devaient s’ajouter à partir de 1871 et qui montaient à 3,800,000 francs. Ces augmentations étaient destinées, comme celles des services généraux, à créer de nouveaux emplois et améliorer les traitemens. Le total de toutes les réductions sur les frais de régie et de perception atteindrait de cette façon le chiffre de 16,450,000 francs.

Nous terminerons cette étude par le service de la centralisation des deniers publics et celui de la trésorerie. Ces services, comme on le sait, sont entre les mains des trésoriers-payeurs-généraux et des receveurs particuliers des finances : ils occasionnent une dépense d’environ 8 millions. On est d’avis que cette dépense est exagérée, et qu’elle pourrait être notablement diminuée sans inconvénient. On va même jusqu’à demander l’entier abandon du système français et l’adoption des institutions anglaises, ce qui, suivant les partisans de la réforme, permettrait d’économiser toute la somme affectée à cette dépense. Personne n’ignore en effet que la Banque d’Angleterre procède gratuitement à la recette du revenu public. Dans les comtés où ce grand établissement a des succursales, chacune des succursales est chargée de la réunion des produits perçus dans une circonscription déterminée. A certains jours du mois et sur des points convenus, l’un des commis de la Banque va joindre les agens de perception en tournée, et touche de leurs mains le produit de leurs recettes. La Banque en fait l’encaissement et crédite l’échiquier de leur montant. Elle tient les deniers ainsi recouvrés à la disposition de l’état, et les remet aux créanciers publics selon les avis et les ordres qui lui sont transmis. L’importation de cette méthode entraînerait la suppression des trésoriers-payeurs-généraux et des receveurs des finances. La Banque de France ferait ce que fait la Banque d’Angleterre. Elle recevrait à Paris ou dans ses succursales les versemens des percepteurs de l’impôt et des receveurs des revenus indirects, et serait également chargée de délivrer les fonds suivant les besoins de l’état. Ne semble-t-il pas que le service serait parfaitement assuré dans ces conditions, et qu’il est inutile d’entretenir plus longtemps des comptables dispendieux?

Ce système malheureusement n’est pas aussi parfait, ni aussi économique qu’on pourrait le croire. Malgré l’apparence de gratuité de ses services, un établissement privé ne se charge pas d’une tâche aussi lourde et d’une responsabilité aussi étendue sans rémunération et par pur dévoûment pour le bien public. A défaut d’un émolument direct et déterminé, il faut qu’il trouve un bénéfice suffisant