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l’année les prix ne varieront point. Le seul risque que courent les ouvriers, c’est que les patrons les congédient dans le cours de l’année ; mais, les marchés étant faits d’avance, les patrons savent généralement le nombre d’ouvriers dont ils auront besoin. Seule, une crise imprévue serait de nature à produire le chômage. De leur côté, les patrons sont exposés à voir leurs ouvriers quitter Wolverhampton avant la fin de l’année pour chercher du travail dans d’autres villes où les salaires seraient plus élevés ; mais, outre que les ouvriers ne se décident pas sans peine à un déplacement qui est toujours une source de dépenses, ils savent que, si dans une région voisine de Wolverhampton les prix s’élèvent d’une façon générale au-dessus des leurs, au 1er mai prochain les patrons seront obligés de consentir à une hausse de salaires.

Le conseil d’arbitrage réussit si bien auprès des entrepreneurs de bâtiment, charpentiers et menuisiers, que bientôt les plâtriers, puis les briquetiers, demandèrent à se soumettre à sa juridiction. Les trades-unions exercent une grande influence sur le fonctionnement de cette institution. En général, c’est parmi les chefs des unions que sont choisis les représentans des ouvriers, et dès lors l’union tout entière est engagée à faire observer par chacun de ses membres les décisions du conseil. À Wolverhampton, les unionistes ne font d’ailleurs aucune difficulté pour se présenter devant le tribunal de conciliation en même temps que les non-unionistes. Voici un fait qui prouve l’autorité qui s’attache aux décisions des conseils d’arbitrage : M. Kettle, appelé à Coventry pour y établir une institution de ce genre, ayant eu à départager le vote, se prononça en faveur des ouvriers qui demandaient une hausse de salaires. « Les patrons, dit M. Kettle, trouvèrent que j’avais tort ; mais ils se soumirent docilement. » Depuis, le système des conseils d’arbitrage de Wolverhampton a été appliqué avec succès par les potiers du Staffordshire, à Worcester, à Walsall, etc. M. Kettle pense que même à Londres son système pourrait réussir.

Tels sont les deux principaux types de conseils d’arbitrage et de conciliation signalés avec faveur par la commission d’enquête. Presque toutes les personnes qui s’occupent de la question ouvrière en Angleterre sont d’accord pour reconnaître l’heureux effet de ces conseils partout où ils sont établis, et pour souhaiter de les voir se répandre rapidement dans les industries qui en sont encore privées.

Deux commissaires de l’enquête, MM. Th. Hughes et Harrison, qui, par suite de certaines divergences d’idées, se sont séparés de leurs collègues pour rédiger un rapport spécial, jugent de la façon la plus favorable la question des conseils d’arbitrage. Ils estiment