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ÉTUDES
DE MŒURS ROMAINES
SOUS L’EMPIRE

VII.

L’APOTHÉOSE IMPÉRIALE[1]



L’empire à Rome fut un de ces régimes politiques qui ont cherché leur force dans ce qu’on appelait au commencement de ce siècle l’union du trône et de l’autel. Quand Auguste se vit le maître, il jeta les yeux autour de lui pour trouver un appui solide sur lequel il pût établir le gouvernement qu’il fondait. La société romaine, épuisée par vingt ans de guerres civiles, était en ruines ; l’ancienne constitution, chancelante depuis les Gracques, avait été renversée à Pharsale : il ne restait plus, avec les débris d’une aristocratie décimée par les proscriptions, qu’une armée corrompue, un peuple cosmopolite et un sénat discrédité. La religion, quoique très compromise, avait pourtant moins souffert que le reste ; Auguste appuya son autorité sur elle. Il essaya par tous les moyens de lui rendre son importance et son prestige ; il releva les temples détruits, il rétablit les cérémonies négligées, il institua des cultes nouveaux. En échange de ces bienfaits, la religion donna une sorte de consécration et d’inviolabilité à son pouvoir ; elle fit de lui et de ses successeurs presque des dieux de leur vivant, et les divinisa tout à fait après leur mort.

  1. Voyez la Revue du 1er mai 1870.