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de Hong-kong, cependant, remarque M. Fortune, la flore présente un caractère intermédiaire entre celle du sud et celle du nord. Les plantes du tropique se voient dans les vallées, et les plantes du nord sur les montagnes à environ 1,000 mètres d’élévation. Les plus grands arbres sont le sapin et le pin de la Chine[1]. La province de Fou-kien à une très nombreuse population ; elle est très bien cultivée, non-seulement dans les plaines, mais encore sur les collines, et, au moins pour les environs de Fou-tcheou, il est souvent difficile en observant la végétation de reconnaître où la main de l’homme n’a point passé. Autour de la ville, on voit les plus beaux camellias du monde, de magnifiques hortensias qui étalent des bouquets de fleurs bleues à côté des fleurs écarlates des ixoras. Les citronniers, les orangers et beaucoup d’autres arbres à fruits abondent dans la plaine. On rencontre également un arbre[2] nommé l’olivier de Chine à cause d’une ressemblance dans la forme du fruit avec l’olive qu’on récolte sur les rivages de la Méditerranée et le dattier de la Chine. Le tabac est cultivé dans une grande partie de la province, ainsi que la canne à sucre et le gingembre ; le thé occupe une grande place dans le pays, et, comme le constate M. Fortune, on n’en voit que d’une seule espèce : le thé vert (Thea viridis). Les différentes sortes de la précieuse plante qu’on expédie en Europe sont obtenues par divers modes de préparation. On cultive des arbrisseaux, comme i’aglaia odorante et la murraya exotique de la famille des orangers et d’autres encore, pour les fleurs, dont il est fait grand usage pour parfumer le thé. Le jasmia sambac, qui est répandu dans une grande partie de la Chine, abonde aux environs de Fou-tcheou, — il sert à parfumer la chevelure des belles Chinoises.

En continuant à suivre, vers le nord, le littoral du continent, on atteint la province de Tché-kiang et l’île de Chusan. Sous le 30° degré de latitude, la plupart des plantes et des animaux du tropique ont disparu. L’aspect du pays est tout autre que dans le sud. L’île de Chusan est l’une des plus belles îles du monde, s’écrient ceux qui l’ont visitée : c’est une succession de collines et de vallées qui rappelle au voyageur anglais les sites les plus aimés de l’Écosse. Les riches vallées sont arrosées par une multitude de cours d’eau, et dominées en beaucoup d’endroits par des montagnes couvertes d’un brillante végétation. Au printemps, c’est un séjour délicieux ; les collines sont chargées des jolies fleurs lilas d’une espèce de daphné et des fleurs fraîchement teintées de l’un des plus beaux

  1. Cunninghamia lanceolata.
  2. Du genro Canarium de la famille des burséracées.