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aux mêmes stations, ainsi qu’une autre plante de la famille des éricées, peut-être la plus belle entre toutes (Enkyanthus reticulatus). Celle-ci fleurit pendant les mois de février et de mars, et à cette époque les Chinois grimpent les collines pour couper des branches et composer de délicieux bouquets. Sur le terrain plat, les yeux sont charmés par les jolis arbrisseaux du genre lagerstrœmie chargés de fleurs rouges ou blanches, qui, suivant la remarque de plusieurs voyageurs, sont les aubépines de la Chine. Sur les premières plantes des collines, les ixores écarlates, dont on voit des échantillons dans nos serres, étaient à profusion des fleurs qui aux rayons du soleil prennent un éclat éblouissant. Les ravins sont remplis de fougères et d’arbrisseaux d’espèces variées appartenant à des genres propres aux régions chaudes de l’Asie. Dans le nombre, M. Fortune a découvert une espèce aux fleurs lilas, pleines d’élégance, la chirita de la Chine (Chiritas sinensis), qui a été introduite dans les jardins d’Europe.

Les mammifères de Hong-kong sont des chevreuils et des renards ; l’île est habitée ou visitée par les oiseaux du continent, et l’on remarque souvent les martins-pêcheurs, communs dans toute la Chine méridionale. La petite île d’Amoy, située entre le 24e et le 25e degré de latitude, a été comme Hong-kong très bien explorée par quelques Anglais. En se rendant de l’une à l’autre de ces îles, on navigue constamment en vue des côtes des provinces de Quangtung et de Foa-kien, et le voyageur est frappé de l’aridité du sol. Les collines, formées de débris de granit et parsemées de blocs plus ou moins volumineux, sont entièrement privées de verdure ; en quelques endroits se montrent des collines de sable, dont le voisinage est fort désagréable lorsque le vent souffle avec violence ; les particules ténues sont entraînées au loin, et viennent blanchir les cordages des navires. Cependant entre les collines apparaissent des plaines et des vallées fertiles où l’on cultive le riz et les patates douces. Des pagodes, bâties sur les plus hauts sommets, sont d’un effet assez pittoresque et fournissent d’excellentes marques aux marins. Sur l’île d’Amoy, les collines sont plus dénudées que partout ailleurs : ce sont des amas de roches et de gravier. La végétation, très pauvre, conserve en grande partie le caractère tropical de la flore des environs de Canton. Sur les bords des rochers et dans les crevasses abonde une petite plante rampante de la même famille que le café, la pédéria fétide, très gracieuse dans ses ondulations, mais d’une odeur désagréable, et se montrent éparses quelques roses de Chine. Les plaines sont bien cultivées, — le riz, le maïs, la canne à sucre, les cucurbitacées, une sorte d’épinard (Basella rubra), dominent dans l’ensemble. Au milieu des villages on voit des