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puis elles continuaient par Nemours, Puiseaux et Pithiviers, où le prince établit son quartier-général le 19. Depuis Troyes, la marche avait été moins facile que dans les départemens de l’est. Les francs tireurs, embusqués derrière tous les buissons, causaient des pertes sensibles, et de plus, dans la forêt de Fontainebleau, les chemins étaient interceptés par des abatis d’arbres et des tranchées à travers lesquels l’armée d’invasion était obligée de se frayer un passage.

Tâchons d’estimer maintenant l’importance des forces qui se trouvaient en présence devant Orléans. Personne ne l’ignore, c’est une tâche difficile que d’évaluer le nombre d’hommes disponibles le jour d’une bataille. Les chiffres que nous allons poser ne sont donc qu’approximatifs. Les troupes allemandes, dont le prince Frédéric-Charles était généralissime, formaient deux armées, l’une à gauche commandée par le prince lui-même, et l’autre à droite sous les ordres du grand-duc de Mecklembourg. La première comprenait le 3e corps (Brandebourg, général von Alvensleben), le 9e corps (Slesvig-Holstein, général Manstein), et le 10e (Hanovre, général Voigts-Rhetz), plus une division de cavalerie (général von Hartman). Le 3e et le 9e corps comptaient 15,000 hommes chacun ; le 10e n’en avait pas plus de 8,000. Sous le grand-duc de Mecklembourg, il y avait la 17e division (Holstein, général von Treskow), la 22e (Hesse, général von Vittich), et le 1er corps bavarois (général von der Thann) ; chacune des divisions comptait 10,000 hommes ; le corps bavarois, affaibli par les combats précédens, n’en avait plus que 15,000. En outre il y avait trois divisions de cavalerie prussienne commandées par le prince Albrecht, le comte Stolberg et le général von Rheibeben. L’effectif total des troupes allemandes n’était pas évalué à plus de 90,000 hommes, cavalerie et artillerie, comprises. Cette évaluation est sujette à caution, il est vrai ; c’est celle qui a été donnée par les Allemands après que les combats d’Orléans se furent terminés en leur faveur[1] ; mais par compensation cette armée était très forte en artillerie : les corps du prince Frédéric-Charles amenaient à eux seuls environ 250 bouches à feu, en sorte qu’il devait y en avoir plus de 400 en tout du côté de nos ennemis.

L’armée française, sous le commandement supérieur du général d’Aurelle de Paladines, se divisait en cinq corps, savoir : le 15e, gé-

  1. L’effectif d’un corps d’armée-allemand lorsqu’il est au complet s’élève à trente-cinq mille hommes au moins. La 2e armée avait été rudement éprouvée devant Metz ; mais elle avait reçu des renforts avant de quitter cette place. On dit bien qu’elle avait été obligée de laisser des garnisons dans les départemens de l’Aube et de l’Yonne, qu’elle avait envahis. Malgré cela, nous persistons à croire que leur effectif réel devant Orléans était supérieur à celui qui est indiqué ici. Au contraire, les troupes du grand-duc de Mecklembourg tenaient la campagne depuis longtemps et pouvaient bien être réduites aux chiffres donnés ci-dessus.