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de l’abondance des eaux, des gras pâturages, des forêts profondes ? Et cruelle race que ces hommes robustes, actifs, entreprenans, aussi propres aux travaux de la paix qu’aux aventures de la guerre ! Comme on pourrait facilement avec une armée normande dompter les vassaux, relever la royauté, rétablir l’ordre, faire de grandes choses ! Il y avait bien le jeune Richard : c’était le fils d’un ami, d’un allié fidèle ; mais après tout sa naissance était irrégulière, et par suite ses droits à l’héritage étaient fort contestables. Lorsque le roi arriva aux portes de Rouen, son plan était sans doute arrêté ; il était décidé à faire rentrer dans son domaine propre cette belle province de Normandie, si riche de ses produits et de sa population Maître de Rouen, il donnerait une main au comte de Flandre, à demi gagné déjà, et une autre, à travers la Bretagne, aux seigneurs carlovingiens de l’Aquitaine ; cela fait, il abattrait sans peine fa maison d’Herbert (Vermandois), privée de son chef, rétablirait Artauld sur le siège de Reims, et, ayant ainsi isolé Hugues le Grand, il engagerait enfin avec lui le combat corps à corps qu’il rêvait comme le couronnement de sa vie. »

Tel était ce songe à la Pyrrhus. Il serait oiseux de s’étendre sur la succession des événemens ; notre tâche est de remonter des effets aux causes, et de dégager la leçon de l’histoire. Qu’il suffise de dire que l’activité, le sang-froid, les intrigues des adversaires de Louis IV notamment de Hugues le Grand, réduisirent en poussière ces projets tard mûris du Carlovingien. Devenu le captif des Normands puis celui du duc de France, Louis IV fut enfermé par ce dernier dans une forteresse, et ne recouvra sa liberté qu’en livrant à Hugues la ville de Laon. Le pauvre prince, tombé du haut de ses illusions, acheva de se perdre et de discréditer sa dynastie par une faute que l’orgueil gallo-franc ne pouvait lui pardonner. Lui, le suzerain des suzerains, il se fit le client de l’étranger il appela le roi de Germanie à son aide. Sans doute plus d’un chef féodal, à commencer par Hugues lui-même, n’était pas sans reproche à cet égard ; mais de la part du roi de France une telle démarche était plus qu’une imprudence, c’était une abdication. Qu’arriva-t-il ? Hugues qui écrasa en cette occurrence l’invasion germanique, devint décidément le prince national en face d’une royauté honnie et inféodée à l’Allemagne. La vie de Louis IV, toujours actif malgré ses revers s’acheva fiévreusement dans une série de courses vaines où il obtenait tout au plus des semblans d’hommage. Après sa malheureuse tentative en Normandie, qui n’avait été qu’une agression de flanc contre la ligue des seigneurs, on peut croire qu’il n’eût pas osé risquer une attaque de front en se prenant à ce fief central de Paris, dont la possession eût fait de lui un véritable roi de