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c’est une nouvelle charge de 150 millions, — le tout, recettes en moins et dépenses en plus, donne 550 millions, qui pourront être atténués jusqu’à concurrence : 1° de 33 millions par la suppression de la dotation de la couronne et du sénat ; 2° de 100 millions peut-être par des économies sur le budget de la guerre et de la marine pour le reste de l’année ; 3° d’une vingtaine de millions par différentes réductions de dépenses dans les autres ministères. On aura ainsi 153 millions à retrancher de 550, et il restera 397 millions ou 400 en chiffres ronds de déficit réel pour l’année 1871. Il n’est point question ici de celui de l’exercice 1870, qui aura dû être comblé par les emprunts déjà faits. Ces 400 millions, il faudra les demander également à l’emprunt ; ils entreront dans le règlement général de notre dette ; on ne peut pas songer à des impositions extraordinaires pour les fournir cette année.

En 1872 seulement la situation pourra devenir tout à fait régulière, et nous devrons alors trouver dans des ressources supplémentaires de quoi faire face aux charges nouvelles. Ces charges comprendront l’intérêt et l’amortissement des 8 milliards que nous aura coûtés la guerre, plus des 400 millions nécessaires pour mettre le budget de 1871 en équilibre, car je suppose que dans le courant de cet exercice, ou au commencement de l’autre au plus tard, on aura pu emprunter les 4 milliards qui resteront à solder aux Prussiens pour obtenir l’évacuation complète du territoire. Ce serait peut-être préjuger les choses trop favorablement que de porter l’intérêt de ces sommes à 5 pour 100 ; mettons-le à 5 1/2 pour 100, ce qui donne 462 millions ; ajoutons-y 1 1/2 pour 100 pour l’amortissement qu’on doit vouloir effectuer très rapidement, soit 125 millions, plus la part des impôts autrefois payés par les départemens annexés à l’Allemagne, 50 millions ; cela fait un total de 637 millions, qui pourront se trouver réduits d’au moins 200 millions par les économies indiquées plus haut, et qui, appliquées à tout l’exercice, devront être un peu plus fortes qu’en 1871. On aura donc un excédant de charges de 437 millions pour lesquels il sera indispensable de chercher des recettes nouvelles. On pourrait proposer les suivantes : 1° une augmentation de 15 pour 100 sur les droits d’enregistrement et de timbre, sauf en ce qui concerne les mutations à titre onéreux, une semblable sur les droits de douane à l’importation, sur les boissons, et particulièrement les alcools qui pourraient encore être plus taxés qu’ils ne le sont, sur le sucre indigène, les droits et recettes à différens titres, les poudres, une augmentation de 10 pour 100 seulement sur le tabac ; nous ne demandons rien aux postes à cause des intérêts commerciaux qu’il faut ménager : ces premières surtaxes, en prenant pour base les produits actuels,