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des marais entraient ensemble dans la composition de la partie combustible des gaz des suffioni, mais que, d’un suffione à l’autre, la proportion relative de ces deux gaz était excessivement variable. Les mêmes expériences, reprises par d’autres observateurs après un intervalle de treize ans, ont affirmé de nouveau ces variations et montré que, dans ce laps de temps, la composition moyenne des gaz étudiés ne s’était pas sensiblement modifiée.

Il nous a été facile d’établir la liaison qui existe entre les terrains ardens, les fontaines ardentes et les salzes ; mais le rapport qui les unit aux suffioni est moins évident, aussi devons-nous ajouter quelques réflexions rapides pour démontrer la continuité de ces phénomènes. Parmi les fontaines ardentes des Apennins, nous avons cité les sources thermales de Porretta, dont l’une possède une température de 38°,5, et dont les émanations gazeuses se distinguent de celles de la même région par la présence d’une trace d’hydrogène sulfuré, et bien plus encore par la notable proportion d’acide carbonique qu’elles renferment, proportion qui s’élève jusqu’à 5 pour 100. Ces sources se distinguent donc tout à la fois par leur teneur élevée en acide carbonique et par leur température supérieure à la température ordinaire. Imaginons que la chaleur d’un dégagement gazeux semblable soit encore plus marquée, et que la proportion d’acide carbonique qui s’y observe augmente en même temps, supposons en outre que l’hydrogène libre y fasse son apparition, nous arriverons bientôt à nous représenter une effluve de gaz qui aura tous les caractères d’un suffione. Or une pareille idée n’est pas une pure hypothèse ; on connaît des sources thermales d’où se dégagent des mélanges gazeux à élémens combustibles doués d’une plus haute température et plus riches en acide carbonique que ceux de Porretta. D’un autre côté, les suffioni de la Toscane présentent, comme nous l’avons indiqué, des variations considérables dans la composition des gaz. Quelques-uns possèdent une température bien inférieure à 100 degrés. Ce ne sont plus que des sources thermales semblables à certaines fontaines ardentes. Enfin il semble que la nature ait voulu donner des preuves plus directes et plus décisives encore de cette transition en produisant parfois dans les salzes ces éruptions momentanées qui les rendent pour un temps identiques aux suffioni. Les gaz dégagés par la salze de Sassuolo pendant les paroxysmes que nous avons cités n’ont pas été analysés ; mais ceux de la salze de Paterno, en Sicile, ont pu être recueillis dans des circonstances analogues, et une analyse a montré qu’ils renfermaient alors une proportion importante d’hydrogène libre, et se rapprochaient bien plus des gaz des suffioni que de ceux des salzes durant les périodes ordinaires de repos.