Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 92.djvu/541

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

abondant. Alentour se dressaient quatre autres cônes plus petits qui manifestaient les mêmes phénomènes. L’éruption avait été accompagnée d’un tremblement de terre qui avait ébranlé les maisons voisines. Un bloc calcaire de 800 livres environ avait été projeté à la distance de 20 pieds. En 1793, dans un troisième voyage, Spallanzani trouva la salze presque inactive ; elle était réduite à un petit cône. De son centre s’échappaient des bulles aussi petites que rares ; trois cônes secondaires existaient à quelque distance du cône principal.

À partir de cette époque jusqu’en 1835, la salze de Sassuolo reste en repos ; mais au mois de juin de cette année il s’y produit une éruption que Giovanni de Brignoli, professeur à l’université de Modène, décrit dans les termes suivans : « Le 4 juin 1835 à cinq heures du matin, par un ciel pur et serein et une température modérée, une forte odeur de pétrole se répandit dans l’air. Quelques minutes après, une secousse violente, accompagnée d’une détonation semblable à un coup de canon, agita le sol. À Sassuolo, toutes les vitres tremblèrent. Les eaux du canal furent agitées par un flot qui heurta violemment les barques des bateliers. Une colonne d’épaisse fumée traversée par des lueurs jaunes-rougeâtres s’échappa de la salze au milieu des détonations. Des pierres, de la boue, furent lancées à une grande distance, et une épaisse bouillie d’argile s’échappa des ouvertures. Les pierres rejetées avec l’argile se couvrirent d’efflorescences de sel marin. À neuf heures et demie, une nouvelle détonation plus faible que la première se fit entendre ; à six heures du soir, il s’en produisit encore une plus faible : elles furent suivies pendant douze jours de détonations analogues à des coups de pistolet. La salze continua pendant ce temps à bouillonner, et, en appliquant l’oreille contre le sol, on entendait un bruit semblable à celui de l’eau qui coule. La terre, sur le bord de l’ouverture de la salze, présentait à quelque profondeur une température notablement élevée. Le gaz qui s’en échappait s’enflammait à l’approche d’une allumette ; l’odeur, loin d’être sulfurée, était aromatique. Il ne se produisait pas de cône de soulèvement, et l’ouverture était cylindrique. La matière rejetée se répandit sur un espace presque rectangulaire de 276 mètres de long et de 106 mètres de large. La masse en est évaluée à 10,460,000 mètres cubes. » Ajoutons que, pendant l’éruption, le sol se fendit aux environs, et que dans les fentes la température était notablement plus élevée qu’à l’air libre. À quelque distance au sud-ouest, deux sources se montrèrent, l’une d’eau salée, l’autre laissant échapper de nombreuses bulles de gaz inflammable.

À cette période d’agitation a succédé une période de repos, et