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abondantes, dont nous aurons à parler plus loin à cause des gaz qui les accompagnent, ont donné de tout temps un certain renom à cette bourgade, isolée naguère au cœur de la montagne, mais qui tend à prendre un certain développement depuis l’établissement de la voie ferrée. Séparée de Florence et de Bologne seulement par un trajet de quelques heures, entourée pendant l’été de délicieux ombrages et rafraîchie par la brise des monts qui la dominent et l’abritent, elle est devenue dans la saison chaude un rendez-vous de plaisir pour la haute société italienne, et l’on dit en outre qu’elle est pendant plusieurs mois, chaque année, un foyer d’intrigues politiques ; mais ce n’est pas à ce point de vue qu’elle doit nous intéresser.

Le terrain ardent qui l’avoisine est situé au sommet d’un monticule escarpé au pied duquel est bâtie Porretta, et qui porte le nom de Sasso-Cardo. Le gaz s’y échappe des interstices d’un massif de grès dénudé. Quatre ou cinq jets assez abondans y sont disséminés dans un espace de quelques mètres carrés. Les plus faibles, une fois allumés, sont facilement éteints par le vent ; le plus considérable résiste davantage, et ne cède qu’au souffle des tempêtes. Pour l’éteindre artificiellement, il faut apporter de l’eau et en recouvrir complètement les orifices de sortie du fluide combustible, ce qui ne laisse pas que de présenter quelques difficultés à cause des inégalités du sol et de la tendance du gaz à fuir partout où il ne trouve pas la mince nappe de liquide qu’on l’oblige à traverser. Du reste même nature d’émanations qu’à Pietra-Mala.

En continuant à suivre la crête des Apennins vers l’ouest, on rencontre d’autres terrains ardens plus développés encore et illustrés comme ceux de Pietra-Mala par les travaux d’un homme de génie. Ce. sont ceux du district de Barigazzo, village situé presque sur la cime des Apennins, au point où la route de Modène à Pistoïa franchit la montagne. En 1789, Spallanzani, dans le cours de son mémorable voyage scientifique, vint consacrer plusieurs jours à l’étude des feux naturels de ce district. Ennemi des idées de Volta sur la similitude d’origine du gaz des marécages avec ceux des terrains ardens, il voulut combattre cette théorie par des observations précises sur le terrain et en se servant des moyens d’analyse chimique introduits récemment dans la science. Muni de l’eudiomètre et de l’outillage ordinaire d’un véritable laboratoire de chimie, il s’installa pour quelque temps dans l’hôtellerie de Barigazzo, s’occupant non-seulement de la nature des fluides qui alimentaient les feux des terrains ardens du voisinage, mais encore de la disposition du sol qui les produisait et du rapport qui existe entre l’intensité du feu et les conditions variables de l’atmosphère. Le principal feu na-