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LE CHRISTIANISME


DE SÉNÈQUE




Sénèque et saint Paul, étude sur les rapports supposés entre le philosophe et l’apôtre,
par Charles Aubertin ; 1 vol. in-8o, Paris.




Voilà plus de trois siècles qu’on discute pour savoir si Sénèque a connu saint Paul, et qu’on cherche à retrouver l’influence de l’apôtre dans les doctrines du philosophe. Après une si longue polémique, le débat, à ce qu’il semble, devrait être vidé ; mais c’est le propre de ces luttes auxquelles les croyances religieuses sont mêlées d’être éternelles : on n’y remporte jamais de victoire définitive, et la bataille est toujours à recommencer. C’est ainsi que cette légende qui fait de Sénèque un disciple fidèle de saint Paul, combattue au xviie siècle par des prêtres savans et éclairés, comme Baronius et Bellarmin, condamnée par le silence de Bossuet et le dédain de Malebranche, et qu’on regardait comme tout à fait détruite, a subitement refleuri de nos jours. De Maistre l’a soutenue avec cette intrépidité d’affirmation qui lui tient souvent lieu de preuves, et qui a fait école après lui. « Je me tiens sûr, écrit-il, que Sénèque a connu saint Paul, comme je le suis que vous m’écoutez en ce moment. » C’est aussi l’opinion de l’abbé Greppo, et il l’a défendue avec une érudition ingénieuse, mais qui, par malheur, est portée à croire trop facilement. Après lui, M. Amédée Fleury a consacré à la même thèse un long ouvrage où tous les argumens, bons et mauvais, sont entassés avec peu de critique. Enfin tout récemment M. de Rossi, dans ses explorations des catacombes, a cru