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de la commune de Lyon, qui avait voté un emprunt forcé sur les riches, étaient annulées. Les représentans de la soi-disant ligue du midi étaient fièrement rappelés à l’obéissance.

C’étaient là de favorables auspices. Au point de vue militaire, on ne tarda pas à recevoir des preuves journalières de l’ardeur du nouveau ministre de la guerre. Dans l’intervalle d’un mois, du 9 octobre au 9 novembre, les décrets se succédèrent avec une foudroyante rapidité. Les compagnies de francs-tireurs furent soumises à un contrôle plus exact. Un décret du 11 octobre régla l’organisation des mobilisés ; ces nouvelles levées furent mises à la charge des départemens et des communes, qui durent pourvoir à leur habillement, à leur équipement et à leur solde pendant trois mois. L’exportation des bestiaux et des grains fut interdite sur tout le territoire français, sous prétexte qu’elle pourrait servir à l’ennemi. Des mesures furent prises pour le ravitaillement de Paris. Tout département dont un point quelconque de la frontière était à moins de 100 kilomètres de l’ennemi fut mis en état de guerre. Le transport des troupes dut être assuré par les compagnies de chemin de fer, et un maximum de temps fut fixé pour les arrêts aux points de bifurcation. Un décret du 14 octobre traduisit devant un conseil de guerre tout chef qui se serait laissé surprendre par l’ennemi, ou qui se serait engagé à tort sur un point où il ne soupçonnait pas la présence des Allemands. Une circulaire aux préfets, relativement aux achats d’armes, les mit en garde contre les acquisitions précipitées, désordonnées, et les subordonna en cette matière à la commission centrale d’armement instituée au ministère de la guerre. L’on établit que les troupes, au-dessus du chiffre de 2,000 hommes, devaient résider non plus dans les villes, mais bien dans des camps. On envoya les meilleures injonctions aux généraux sur la nécessité de faire de fréquentes revues de détail, de s’éclairer, de se servir des fortifications volantes, et sur le port obligatoire de l’uniforme pour les officiers. Ordre fut donné à ceux-ci de se mettre en route dans les vingt-quatre heures qui suivraient l’avis télégraphique ou postal de leur changement de résidence ou d’emploi. Des circulaires très vives prescrivirent la mise en état de défense des départemens voisins de l’ennemi et l’établissement de camps fortifiés. On menaça des conseils de guerre les généraux qui n’apporteraient pas de la vigilance à cette tâche. Des notes énergiques furent adressées aux journaux pour prévenir la divulgation des mouvemens de troupes. Toutes ces mesures n’étaient que les préliminaires d’autres plus importantes : un décret du 2 novembre mobilisait tous les hommes au-dessous de quarante ans, mariés ou non ; un décret du 3 novembre établissait que les départemens devaient fournir dans un délai de deux mois autant de batteries d’artillerie qu’ils contenaient