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L’ENSEIGNEMENT


DU DESSIN


EN 1871.




L’épreuve terrible que traverse notre pays décourage la pensée de toute occupation, de toute étude étrangère aux périls de l’heure présente et aux devoirs qu’elle prescrit. Quand chacun se doit tout entier à la défense de la patrie outragée, qui songerait à déserter la lutte pour se réfugier dans le domaine des contemplations paisibles, des pures spéculations de l’esprit ? L’art et ses œuvres laissent aujourd’hui à la critique des loisirs trop légitimes, et ce serait faire acte d’un triste sang-froid que de s’obstiner en face de l’ennemi à disserter sur un morceau de sculpture ou sur un tableau. Suit-il de là qu’il faille se désintéresser absolument de ce qui ne saurait avoir une application immédiate ? Sous la vie maintenant suspendue de l’art, n’est-il pas permis de pressentir, d’interroger les symptômes de la santé à venir ? Peut-être cette inquiétude du lendemain est-elle encore une des formes du patriotisme ; peut-être ceux-là mêmes qui seraient mal venus à s’immobiliser dans le dilettantisme historique ont-ils le droit et le devoir de rechercher au prix de quels efforts, dans quelles conditions, dans quelle mesure, les progrès prochains pourront s’accomplir.

Parmi les questions qui doivent appeler notre sollicitude après la guerre, une des moins susceptibles d’ajournement est sans contredit la question relative au perfectionnement de l’éducation pittoresque. Il y va non-seulement de l’honneur de notre école, mais de l’accroissement que pourrait prendre ou du dommage que pourrait