Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 91.djvu/742

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

offices de la légation de France à Pékin ; la légation n’attend aucun résultat favorable de démarches qui pourraient être faites auprès du gouvernement chinois. Le savant lazariste ne perd jamais courage. « Heureusement, écrit-il dans une de ses lettres, je connais des soldats tartares qui vont faire la garde dans ce parc, et je sais que, moyennant une somme plus ou moins ronde, j’obtiendrai avant l’hiver quelques peaux. » Il est bon, même en Chine, d’avoir des relations de tout genre. Cependant il y eut encore des difficultés à vaincre, car, dans une nouvelle lettre, notre missionnaire, revenant sur les particularités du beau cerf du parc impérial, ajoute : « Jusqu’à présent, je me donne des peines incroyables pour en avoir des dépouilles ; mais j’espère en obtenir deux ces jours-ci. » En effet, au mois de janvier 1866, il pouvait annoncer la réalisation de son désir. D’un autre côté, notre chargé d’affaires, M. Bellonet, un ami de la science, plus heureux près des ministres de l’empire qu’il n’aurait supposé, venait de recevoir à titre gracieux un beau couple d’individus vivans du fameux Cerf auquel les Chinois donnent le nom de Mi-lou. Il s’agissait de faire parvenir ces superbes animaux en France, où ils eussent vivement excité la curiosité ; mais ils moururent pendant le voyage.

Bientôt on reconnut à Paris que le mi-lou est un mammifère tout particulier de la famille des cerfs[1]. Par la forme générale, par le pelage, l’allure lourde, la manière dont le mâle porte ses bois, l’espèce ressemble au renne, dont elle s’éloigne par des caractères plus essentiels. Le mâle adulte mesure au garrot 1{{[[Modèle:{{{1}}}|{{{1}}}]]}},20 et environ 2{{[[Modèle:{{{1}}}|{{{1}}}]]}},20 de l’extrémité du museau à l’origine de la queue. Le mi-lou en réalité est long et bas sur pattes. La couleur du pelage est un mélange de gris et de fauve pâle distribués d’une manière assez uniforme, qui se rembrunit en certains endroits et devient plus clair sous le ventre. La tête ne diffère pas notablement de celle des cerfs ordinaires, et seuls les bois présentent des caractères remarquables. Très grands et robustes, couchés en arrière et assez écartés l’un de l’autre, ils n’offrent pas d’andouiller basilaire comme chez le renne ou notre cerf. Le merrain est gros, et, à une certaine distance au-dessus de la meule, il s’en détache une longue branche qui se dirige en arrière et descend jusqu’aux épaules lorsque l’animal tient la tête élevée ; cette branche porte, disposés sur le bord externe, plusieurs andouillers formant une sorte de palmure qui rappelle celle de l’andouiller basilaire des vieux rennes. Enfin la perche, très sinueuse et terminée par une fourche, est pourvue de deux grands andouillers qui vont en arrière et un peu en dedans. Tous les ama-

  1. L’espèce a été très bien étudiée par M. Alphonse Milne Edwards ; elle porte aujourd’hui dans la science le nom d’Elaphurus davidianus.