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chien kurde, le carlin qui est, croyons-nous, très prisé dans le pays, enfin le chien de garde. On ne voit ni épagneuls, ni autres chiens de chasse. Le chat domestique ne diffère pas de celui d’Europe ; seulement on entretient aussi dans beaucoup de maisons de Pékin des chats d’Angora à longs poils.

Maintenant, ne semble-t-il pas que nous voyons réellement la province où s’élève la fameuse capitale du céleste empire ? Nous connaissons le climat, l’aspect du pays, les êtres qui trouvent l’existence sur cette terre peu favorisée de la nature. Nous pouvons apprécier les ressources de tout genre que les populations tirent du sol.


III.

Le père Armand David paraissait avoir tout examiné dans le Pe-tche-li et dans les montagnes voisines, lorsque son attention fut éveillée par certains récits. À quelques pas au sud de la ville de Pékin, il existe un parc impérial entouré de murs qui n’a pas moins d’une douzaine de lieues de circonférence. Là vivent dans une paix profonde et se multiplient de temps immémorial des antilopes à goitre, les chèvres jaunes de Mongolie, et surtout des cerfs d’une espèce singulière. On avait entretenu notre missionnaire de ces animaux, qu’on ne voit nulle part ailleurs, de façon à bien tenter sa curiosité. Les Chinois les désignent souvent par un nom exprimant l’idée d’une réunion de caractères disparates, et ils disent que l’espèce tient du cerf par les bois, de la vache par les pieds, du chameau par le cou du mulet ou de l’âne par la queue ; mais l’accès du parc où l’on entretient ces bêtes curieuses est interdit aux étrangers, et obtenir la permission de le visiter eût été une chimère, — on sait si les autorités chinoises tiennent aux règlemens établis. Par bonheur, on se souvient toujours un peu des moyens de surprendre un secret. Un jour, l’instant paraît propice, le révérend père grimpe sur le mur, et, à sa grande joie mêlée de surprise, il distingue au loin un troupeau de plus d’une centaine de cerfs à longue queue. En voyant la magnifique et étrange ramure des mâles, il les prend pour des élans ou des rennes gigantesques ; mais il ne doute pas que l’espèce ne soit absolument inconnue des naturalistes, et la découverte d’un nouveau mammifère de grande taille est un événement rare à l’époque actuelle. Une semblable découverte paraît même vraiment extraordinaire, s’il s’agit d’un animal fort différent de tous les types déjà observés.

L’abbé David cherche aussitôt à se procurer la dépouille de quelques individus du fameux cerf à longue queue ; des tentatives répétées demeurent sans succès. Il met son espoir dans les bons