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gracieux lépidoptères qui n’échappent à l’attention de personne. Ainsi les papillons blancs ou les piérides, les vanesses aux ailes diversement colorées, les argynnes aux ailes nacrées, les jolis petits polyommates que les jeunes amateurs poursuivent dans nos champs et dans nos bois, voltigent dans les plaines et les montagnes du Pe-tche-li ; seulement avec eux se trouvent des espèces ayant une physionomie analogue qui n’ont encore été vues nulle part ailleurs. En outre un superbe lépidoptère de la Sibérie (Papilio xutkus), du même type que l’insecte si connu sous le nom de grand-machaon, habite les alentours de Pékin en compagnie de deux splendides papillons (P. bianor et paris) aux ailes d’un noir de velours, saupoudrées d’atomes d’un vert doré, qu’on supposait confinés dans les provinces les plus méridionales de la Chine, parce qu’ils ressemblent à d’autres papillons de l’Inde et des îles Moluques. Pour compléter l’aperçu, il faut citer une forme toute caractéristique, spéciale aux provinces du nord de la Chine : celle d’un ravissant lépidoptère (Sericinus telamon), découvert il y a plus de vingt ans par M. Fortune à peu de distance de Shang-Haï. Si la figure seule de l’animal était connue, on la croirait produite par l’imagination, tant les sinuosités des ailes et le contraste des couleurs paraissent dans le goût des Chinois. Les insectes, particulièrement les lépidoptères du Pe-tche-li, où l’hiver a des rigueurs excessives, donnent lieu à une remarque sur les climats. Les individus de la contrée ont en général des couleurs plus vives ou plus intenses que les individus de même espèce pris en Europe ; c’est l’indice de chaleurs plus fortes dans le pays, encore indiquées par la présence d’espèces tropicales. Les animaux qui s’engourdissent pendant la mauvaise saison souffrent peu de l’intensité du froid, tandis qu’à l’époque du développement ils éprouvent les effets du degré de chaleur. Pour apprécier l’influence de la température sur certains êtres, il importe donc de ne pas moins tenir compte des extrêmes que des moyennes thermométriques.

Les reptiles n’abondent pas au nord de la Chine ; le père A. David en énumère à peine une dizaine : un petit lézard gris facile à confondre avec celui des murailles d’Europe, un gecko, quatre ou cinq couleuvres, une seule vipère, confinée dans les montagnes, et une tortue fluviatile. Pour les batraciens, le chiffre est plus restreint encore, et il paraît n’exister ni salamandres ni tritons.

Les oiseaux du Pe-tche-li ont été recherchés et observés avec un tel soin par notre savant missionnaire et par M. Swinhoe qu’aujourd’hui on en a assurément une connaissance à peu près complète. Les espèces sédentaires sont en petit nombre dans l’ingrate contrée ; mais les oiseaux de passage se montrent en abondance à des époques régulières, Plusieurs grands rapaces fréquentent le