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Pékin. On sait combien il est difficile d’allumer ce charbon minéral ; mais il brûle fort bien, paraît-il, dans les poêles des Chinois. À la distance d’une trentaine de lieues de la capitale, il existe un gisement de houille de très bonne qualité, seulement, à cause du mauvais état des routes, les habitans de la grande ville en profitent peu.

Le botaniste ne trouve à faire qu’une bien pauvre moisson dans les plaines cultivées du Pe-tche-li ; il reste trop peu d’espace pour les plantes sauvages. On trouve principalement : une violette, une sorte de pissenlit, l’astragale de Sibérie, une espèce de digitale, un corydalis à petites fleurs, une jolie androsace, une passerage, une borraginée (Tournefortia arguzia), la bourse du pasteur, quelques graminées. Les arbres qui embellissent les habitations appartiennent la plupart à des types très connus en Europe. Partout on voit l’orme, le mûrier, un sophora de proportions magnifiques, pareil à celui qui croît au Japon ; en beaucoup d’endroits, il existe des peupliers, des saules, des allantes, le cedrela de Chine, dont les jeunes pousses fournissent un condiment agréable aux Chinois, une espèce de pin remarquable par l’écorce lisse et d’un blanc argenté (Pinus bungeana). Chez les anciens, le cyprès était consacré à la parure du champ des morts ; en Chine, le cyprès (Cupressus funebris) est encore l’ornement habituel des tombeaux et des pagodes, avec l’arbre parfois gigantesque depuis longtemps cultivé en France, le gingko (Salisburia adiantifolia), avec des pins, et le grand genévrier à bois odorant qui, réduit en poudre, sert à faire les bâtonnets que les Chinois brûlent devant les idoles. Les sépultures des riches, disséminées dans la campagne, sont cachées sous des massifs de conifères.

Sur les montagnes, la végétation est abondante, mais d’un aspect uniforme. Les arbres, très clair-semés, surtout vers la Mongolie, sont des chênes, des châtaigniers, des érables, des noisetiers, quelques peupliers, des allantes. L’abricotier sauvage est répandu à profusion ; un tout petit cerisier à fruit aigrelet attire l’attention du naturaliste, ainsi qu’un jujubier d’espèce naine, un gattilier des plus communs, une vigne sauvage, la magnifique glycine de Chine et un Cissus, grimpant sur les arbres on rampant sur les murailles. En parcourant les montagnes voisines de la grande muraille, le père Armand David a remarqué l’abondance des armoises que tous les voyageurs russes ont signalée comme caractéristique de la flore de la Tartarie et de la Sibérie, et il a constaté avec surprise l’absence des bruyères et des saxifrages, ainsi que l’extrême rareté des ronces.

La végétation du nord de la Chine, qu’on aurait peut-être imaginée fort différente de celle de l’Europe centrale, si l’on avait