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fameuse ville de commerce en véritable observateur, et il put apprendre que sur ce coin de terre les productions naturelles, offrant une assez grande ressemblance avec celles du nord de l’Inde, ont cependant une physionomie particulière. Un peu plus tard, notre voyageur Sonnerat visita également la ville de Canton ; il recueillit quelques plantes et plusieurs oiseaux, mais il considéra surtout les hommes. Ce naturaliste a combattu avec une ardeur extrême les idées propagées par les jésuites touchant la sagesse et les vertus des Chinois, et il a voulu prouver que le peuple du céleste empire est également méprisable par le caractère et par l’ignorance. Maintenant une longue période s’écoulera avant que la Chine puisse être le théâtre d’études sérieuses.

La guerre soutenue par les Anglais pour le commerce de l’opium eut l’avantage de procurer aux Européens le droit de s’établir sur plusieurs points du littoral de la Chine et la possibilité d’entreprendre des excursions dans l’intérieur du pays. Des investigateurs ne manquèrent pas de profiter au plus vite d’une aussi favorable occasion pour faire des découvertes, et bientôt on acquit certaines notions sur la nature dans les parties du nord, principalement aux alentours de Shang-Haï.

Un intéressant contraste se produisait aux yeux du botaniste et du zoologiste. On était familiarisé avec les productions du territoire de Canton, qui portent le cachet d’un climat des tropiques ; on était inévitablement conduit à comparer les espèces végétales et animales rencontrées dans les campagnes de Wou-Sung et de Shang-Haï sous le 31e degré de latitude boréale, qui dénotent l’influence d’un climat tempéré, même un peu froid. M. Robert Fortune, commissionné par la Société d’horticulture de Londres, a la première part dans l’exploration scientifique des provinces du nord-est de la Chine. De 1843 à 1845 et de 1853 à 1856, il a vraiment étudié le pays. Les recherches de plusieurs autres voyageurs ont appris de nouveaux détails, et la connaissance réelle d’une certaine portion du vaste empire asiatique s’est trouvée acquise ; mais on n’avait encore visité que des districts plus ou moins voisins de la côte, et les résultats obtenus faisaient désirer d’autant plus de voir l’œuvre commencée se poursuivre dans les provinces centrales et vers les frontières de cette terre de Chine si rebelle aux investigations de la science. On ne devait plus longtemps attendre la réalisation d’un pareil vœu. En 1860, l’expédition franco-anglaise avait traversé la province de Pe-tche-li et s’était rendue à Pékin. M. Swinhoe, attaché au service consulaire de la Grande-Bretagne, déjà connu par des écrits sur les oiseaux de Canton, de Macao, de Hong-Kong et d’Amoy, accompagnait l’armée anglaise. Ce naturaliste s’empressa