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LES


RÉCENTES EXPLORATIONS


DE LA CHINE




I.

Après la découverte de l’Amérique, du cap de Bonne-Espérance, de la route des Indes, les peuples de la vieille Europe songèrent tout de suite à s’approprier les richesses des pays lointains et à donner un grand essor au commerce. L’esprit humain devait profiter du mouvement occasionné par l’amour du lucre. On visita les parties du monde les plus favorisées de la nature : pour les voyageurs, c’était partout sujet de surprise ou d’admiration. Des végétaux propres à certaines régions étaient remarqués pour les produits qu’ils fournissent ; sous les tropiques, des plantes et des animaux frappaient les regards par des proportions extraordinaires, par des beautés étranges, par des formes singulières aux yeux des hommes nés sous d’autres climats. Plantes et animaux, apportés en Europe à titre de curiosités et devenus l’objet de descriptions ou de représentations plus ou moins fidèles, inspirèrent le goût de l’étude du monde physique. Au milieu des jardins de plusieurs grandes villes, des arbres ou des fleurs apprenaient que chaque contrée se distingue par le caractère de la végétation. C’était l’origine de notions toutes nouvelles ; on commençait à prendre une idée de l’extrême diversité des êtres, à juger des pays par les productions naturelles qui en sont l’ornement, et qui en font la richesse. Au xvie et au xviie siècle, la botanique et la zoologie étaient des sciences bien imparfaitement constituées ; mais déjà la pensée de recueillir et d’observer les espèces végétales et animales donnant à toute région une physionomie particulière préoccupait quelques esprits éclairés. Des