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HISTOIRE NATURELLE DE L’HOMME




LA


RACE PRUSSIENNE




Il y a moins d’un an, je m’élevais ici même contre les applications de l’anthropologie à la politique. Ces applications, disais-je, reposent presque toujours sur des erreurs ; elles ne sont propres qu’à engendrer, à éterniser la haine et la guerre. J’étais loin de penser alors que les faits confirmeraient mes paroles d’une si prompte et terrible manière. Grâce à l’idée de l’antagonisme des races, mise en jeu et exploitée avec une machiavélique habileté, l’Allemagne entière s’est levée au nom du pangermanisme ; elle veut régner sur les races latines, et, voyant dans la France l’expression la plus élevée de ces races, elle s’est ruée sur notre patrie avec l’intention hautement proclamée de nous réduire à une impuissance irrémédiable. Appelée à cette croisade par la Prusse, elle s’est subordonnée à cette puissance, et a relevé pour elle l’empire germanique. En agissant ainsi, les vrais Germains n’espèrent pas sans doute préparer un avenir de bienveillance internationale et de paix. La victoire assure-t-elle du moins la suprématie à leur race ? Pas davantage. La Prusse ne s’en laissera pas déposséder. Or les élémens ethnologiques de cette nation sont tout autres que ceux qui ont donné naissance aux nations vraiment allemandes. Des conditions climatériques spéciales ont maintenu et accentué les différences originelles. En réalité, au point de vue anthropologique, la Prusse, fait à peine