officialités avec mission de s’opposer aux empiétemens de ces tribunaux sur la justice séculière. Ces empiétemens, qui, à une époque plus ancienne où la justice seigneuriale était misérable, avaient été un bienfait, allaient maintenant à des abus intolérables. Sous les prétextes les plus futiles, l’official évoquait les causes entre laïques. Ce n’étaient pas seulement les matières d’hérésie, de mariage, d’usure, qui relevaient du for ecclésiastique ; on avait des subtilités pour faire de tous les procès des causes de droit canon. La non-exécution d’un contrat passait pour un crime ecclésiastique, sous ce prétexte que ne pas exécuter sa promesse était commettre un parjure, et que la violation du serment était un manquement à la loi divine. Des avocats royaux furent chargés de protéger les laïques contre ces prétentions, devenues exorbitantes depuis que la justice laïque s’était relevée par les soins de saint Louis, et que la justice ecclésiastique au contraire avait perdu toute faveur. Il s’agissait surtout de mettre le laïque à l’abri des excommunications qui frappaient ceux qui essayaient de se soustraire à la juridiction des cours d’église, même en matière temporelle. L’excommunication avait les conséquences les plus graves : aussi voit-on Pierre Du Bois faire en quelque sorte le siège de cette batterie redoutable, et chercher dans les arsenaux de la scolastique de subtiles distinctions pour éluder les arrêts par lesquels l’église, tout en prétendant ne régner que sur les âmes, exerçait en réalité sur la vie civile la plus absolue domination.
Avant 1306, pour des raisons qu’on ignore, et certainement sans rompre ses liens avec la cour de France, Du Bois entrait au service d’Édouard Ier, roi d’Angleterre. Les importantes fonctions qu’il avait exercées à Coutances pour le roi Philippe le Bel, il les exerce en 1306 pour le roi Édouard dans son duché de Guyenne. Il est probable qu’il avait su convaincre le roi d’Angleterre, comme il avait convaincu le roi de France, de l’utilité des fonctions d’avocat pour les causes ecclésiastiques, et qu’Édouard, redevenu en 1303 souverain de la Guyenne, l’avait chargé d’inaugurer dans les provinces anglaises du midi le mandat tutélaire qui avait si bien réussi en France. Quelques expressions dont il se sert supposent évidemment qu’il exerça les deux charges concurremment, et qu’il ne quitta pas le service du roi de France pour avoir accepté des fonctions du roi d’Angleterre.
Il ne se contentai pas au reste de son rôle d’avocat royal ; il se chargeait aussi de défendre devant les tribunaux laïques et ecclésiastiques les causes du clergé séculier et des abbayes. Sa science du droit civil et du droit canonique lui amena une nombreuse clientèle, et lui-même nous révèle qu’il amassa de grandes richesses en plaidant les nombreux procès dont les biens du clergé