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tiennent le plus les agriculteurs. Il y en aurait d’autres accessoires, non sans importance. Telle serait la révision du contrat de cheptel ; telle serait aussi l’adoption du principe de non-intervention absolue de l’état dans la constitution des établissemens de crédit ? telle serait enfin l’abrogation de la loi de 1807 sur l’intérêt légal, sauf définition par la loi pénale des divers abus qui auraient le caractère de délits. En Angleterre, en Belgique, en Suisse, en Hollande, au Brésil et ailleurs encore, l’argent est une marchandise qui se vend ou se loue à des conditions déterminées par la situation du marché ; qu’il en soit de même chez nous. En résumé, ne craignez pas de toucher à quelques articles de lois pour rendre le crédit abordable à l’agriculture ; elle en a toujours eu besoin, maintenant elle ne peut plus s’en passer. Ces propositions d’ailleurs ont été approuvées déjà, sur le rapport de M. d’Esterno, par les congrès agricoles de Lyon, de Chartres, de Beauvais et en dernier lieu à Paris par l’assemblée générale de la Société des agriculteurs de France. La Société centrale d’agriculture et la Société forestière en ont depuis longtemps admis le principe. Enfin M. Josseau lui-même, rapporteur de la commission officielle du crédit agricole, après les avoir combattues, a fini par les adopter. La question est donc étudiée, connue ; il me reste plus qu’à la résoudre.

D’autres réformes, non moins vivement souhaitées, seront malheureusement d’une exécution plus difficile : nous voulons parler des réductions de charges qui sont demandées à grands cris, et, hâtons-nous de rajouter, non sans justice. En toute autre occasion, noms eussions repris, énuméré, développé les griefs de l’agriculture contre le fisc ; mais le temps serait mal choisi pour solliciter des dégrèvemens, et le trésor public a maintenant besoin de toutes ses ressources. Cependant, parmi les vœux de toute espèce qu’ont émis dans le cours de ces deux dernières années les divers congrès d’agriculteurs réunis à Aix, à Lyon, à Nancy, à Beauvais, à Chartres, à Clemront-Ferrand, à Beaune, à Bourges, à Laval et dans d’autres villes encore, sans parler de Paris, il en est quelques-uns qu’il serait possible de satisfaire. C’est ainsi que nous trouvons dans les procès-verbaux du congrès de Clermont-Ferrand le vœu que les droits de mutation ne soient acquittés qu’au moment de l’extinction de l’usufruit, si l’on ne veut les réduire à moitié. Une pareille demande paraîtra raisonnable, modérée, en présence surtout de l’énormité des droits de mutation perçus sur la nue propriété, qui sont quelquefois tels qu’il serait presque plus avantageux de renoncer à l’héritage. Un certain nombre de réclamations analogues, que feront valoir sans nul doute les mandataires de la province, se recommandent d’elles-mêmes à l’attention du gouvernement. Notons en passant qu’une idée qui semblera d’une tout autre hardiesse com-