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ÉTUDES


D’ÉCONOMIE RURALE




L’AGRICULTURE APRÈS LA GUERRE




Six mois de luttes et de revers nous ont habitués aux plus tristes spectacles, et, de quelque côté que nous tournions les yeux en France, nous ne rencontrons guère que les traces matérielles et morales de nos désastres. Il ne faut pas toutefois que, pour éviter des impressions pénibles, nous négligions d’examiner nos blessures et de rechercher le moyen de les guérir. L’agriculture, qui depuis longues années déjà faisait entendre tant de justes plaintes, qui avait aussi souffert de très graves dommages par la sécheresse du dernier été, l’agriculture aura été bien cruellement éprouvée dans cette guerre. Trente départemens sont encore en proie à l’invasion ; nos plus riches provinces, l’Alsace, la Lorraine, la Champagne, la Bourgogne, l’Ile-de-France, la Normandie, la Touraine, ont servi de théâtre à la lutte, et les passages des armées ont été pour elles plus terribles encore que les combats. Les réquisitions ont achevé ce qu’avait commencé le pillage : exploitations détruites, campagnes abandonnées, dettes contractées, valeurs perdues, propriétaires, fermiers et serviteurs ruraux appelés pêle-mêle à la défense du pays, on ne compte plus les ruines. Quant à la partie du territoire que la guerre n’a pas visitée, elle a eu aussi sa largo part des misères publiques, et l’on se figure aisément quels contre-coups