sont purement élémentaires ; la plupart, conçus à une époque où la lithochromie était loin de disposer des ressources qu’elle possède aujourd’hui, donnent les modèles sans la couleur qui est en quelque sorte la vie de l’ornement ; le plus grand nombre enfin sont d’un prix très élevé : ils s’adressent ainsi aux seuls artistes ou plutôt aux riches amateurs, et par suite ne répondent pas assez aux usages et aux besoins de l’industrie. C’est pour combler cette lacune que, dans la publication que nous signalons, on s’est surtout attaché à combiner dans une proportion convenable l’élément didactique et historique avec l’élément pratique et moderne, en donnant la prépondérance à ce dernier. Ce but, on l’a atteint ; sans rien sacrifier des précieux enseignemens que nous ont transmis les arts de la Grèce, de Rome et de l’Orient, on s’est borné à en donner la plus pure substance et l’expression la plus achevée. La Grammaire de l’ornement d’Owen Jones est surtout intéressante dans la partie consacrée à l’art antique et oriental ; ici, au contraire, on a plus insisté sur les époques plus rapprochées de nous, sur le moyen âge, la renaissance, les dix-septième et dix-huitième siècles. Moins étrangers à nos mœurs actuelles, les arts et les procédés de ces diverses époques, lien nécessaire entre ceux des sociétés antiques et les nôtres, complètent pour nous ce que dans l’art on appelle la tradition, c’est-à-dire ces exemples du passé que leur impérissable beauté, fondée sur l’observation des instincts les plus sûrs, fait survivre au milieu où ils sont nés.
Pour rendre l’ouvrage plus utile et en étendre les applications, M. Racinet s’est imposé une règle, c’est de présenter le motif d’ornement en lui-même, sans l’adapter exclusivement à telle ou telle forme architecture ; il laisse ainsi chacun libre de lui assigner l’usage auquel il le destine, suivant sa fantaisie ou les exigences de son œuvre. C’est grâce à ce système qu’il compte donner plus de deux mille motifs, répartis et combinés dans les cent planches coloriées dont l’ouvrage se composera, et dont plus de moitié sont déjà sous les yeux du public. Dans ce vaste ensemble de sujets pris aux meilleures sources, architectes, sculpteurs, peintres, décorateurs, fabricans de meubles, d’étoffes ou de papiers peints, tapissiers, joailliers, bijoutiers, chacun pourra trouver quelque chose à prendre ; l’ordre historique suivi dans l’ouvrage rendra les recherches faciles. Les planches seront accompagnées d’un texte qui consistera : 1° en notes explicatives jointes à chaque planche pour en indiquer l’époque, le style et la provenance ; 2° en une notice historique qui sera placée en tête du volume et destinée à esquisser à grands traits l’histoire de l’ornement dans les différens pays et les différens siècles. Cette dernière partie de l’œuvre est encore à venir ; ce que nous avons sous les yeux et ce que le public français et étranger avait commencé à accueillir avec une confiance marquée, ce sont les planches. Tout artiste éprouvera, à les parcourir, un plaisir analogue à celui que procuraient