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mera pour nous tout l’effort, tout le travail de la Grèce macédonienne.

La partie utile et vraiment féconde de cet effort, de ce travail, elle est tout entière dans ce que nous appelons aujourd’hui l’érudition et la critique. Arrivée au terme de son évolution, la race grecque, qui, depuis six siècles environ, n’a cessé de multiplier les œuvres originales, a l’idée de classer ses richesses. Comme l’industriel ou le négociant qui songe à la retraite, elle veut mettre ses comptes en ordre, faire ce que dans la langue commerciale on nomme son inventaire. Les ouvrages qui ont survécu au temps qui les vit naître sont d’inégale valeur : il s’agit de reconnaître ceux qui méritent le mieux d’être conservés et étudiés. Bien des livres ne portent pas le nom de leur véritable auteur, d’autres ont été altérés par des interpolations plus ou moins graves ; enfin, même pour les chefs-d’œuvre, comme les poèmes d’Homère et les drames des trois grands tragiques, c’est à peine si tout récemment on a commencé à se préoccuper de les lire dans un texte exact et correct. Entre toutes ces recherches, les savans hommes qui se groupèrent autour du Musée d’Alexandrie n’avaient que l’embarras du choix ; l’admirable collection de livres qu’y avait formée la munificence des Ptolémées facilitait singulièrement leurs études et leurs travaux. Quelques-uns de ces érudits, comme Zénodote, Aristophane de Byzance, Aristarque, furent surtout des éditeurs ; on connaît leurs recensions d’Homère et de différens auteurs célèbres. D’autres, comme par exemple Callimaque, paraissent s’être occupés plutôt de dresser le bilan du passé, de déterminer les genres, de vider les questions d’authenticité, de signaler, parmi ces milliers d’auteurs dont on avait recueilli les ouvrages, ceux qui dans chaque genre étaient le plus dignes de servir de modèles. Le Musée était aussi une université en même temps qu’une bibliothèque et une académie : il y avait là des chaires de grammaire, de critique verbale, d’histoire littéraire. C’est pour répondre aux exigences de l’enseignement, pour guider les maîtres et les élèves, que Callimaque rédigea un livre qui n’est point arrivé jusqu’à nous, mais d’où proviennent une foule de renseignemens qu’on trouve épars chez les lexicographes et les scoliastes. On le rencontre cité tantôt sous ce titre : Tableau de toute espèce d’écrits, tantôt sous cet autre, qui n’est que le développement du premier : Tableaux de ceux qui ont brillé dans les lettres et les ouvrages qu’ils ont laissés.

C’est, à ce qu’il semble, la première histoire littéraire qu’ait vue paraître le monde ancien. Elle était distribuée en cent vingt livres, par ordre de matières. Chaque livre comprenait un genre pu plutôt une subdivision de tel ou tel genre. Au nom de chaque auteur