loin de ses foyers, confondue complètement avec la troupe de ligne et la mobile, on peut prévoir que l’autorité militaire, une fois au fait des hommes qu’elle commande et familière avec ce personnel qui lui est encore si peu connu, prendra, comme dans la garde mobile, le droit de pourvoir seule à la nomination des chefs. Les révocations et les cassations ont été bien moins nombreuses, toute proportion gardée, dans les régimens de marche que dans les bataillons sédentaires. Du moins les chiffres suivans qui s’appliquent à toute la garde nationale montreront comment l’autorité a usé des droits que la loi lui confère. Durant le trimestre qui vient de finir, le gouverneur de Paris a révoqué 6 chefs de bataillon, 84 capitaines, 80 lieutenans et 62 sous-lieutenans. Les cassations de sous officiers se sont élevées au nombre de 254 ; enfin il a fallu prononcer 49 licenciement, les uns complets, qui ont dissous des bataillons ou des compagnies, les autres partiels, qui n’ont atteint que les cadres d’officiers.
L’Allemand a l’ivresse lourde, l’Anglais cruelle, le Français agitée et parleuse. Le Grec et l’Italien ne se grisent pas. On parle encore à Rome de l’étonnement que produisirent dans les rues nos soldats de l’armée d’occupation quand on les vit ivres. Offrez en Grèce à un homme de peine un rafraîchissement au khani (à l’auberge), il demandera une pâte sucrée et un verre d’eau. Si le défaut de trop boire s’explique chez nous par le tempérament qui nous est propre, ce n’est pas là pourtant une raison de tolérer dans l’armée une pareille cause de désordre. Les trois quarts des délits dont le bureau de la discipline de la garde nationale a dû s’occuper ont eu pour première occasion l’ivrognerie. La plupart des fautes qu’on signale aux avant-postes (querelles, paniques, transgression de la consigne) sont commises par des hommes ivres. Ni les chefs ni les conseils de guerre siégeant au secteur ne sauraient poursuivre ce vice avec trop d’énergie. Souvent l’ivresse est admise comme excuse : il faut que la doctrine s’établisse d’y reconnaître une circonstance aggravante ; non-seulement elle compromet la dignité et le bon ordre des compagnies, mais elle est un danger permanent. Les hommes qui n’ont plus leur raison donnent de fausses alertes, tirent des coups de fusil sans motif, ne comprennent rien aux ordres qu’ils sont chargés de faire respecter. On se plaint de la facilité avec laquelle le premier venu peut chaque jour rentrer à Paris et en sortir sans permis, ou avec des papiers qui n’ont nulle valeur. Ces faits si graves n’ont pas seulement pour explication l’ignorance de gardes qui ne peuvent comprendre ce qu’ils lisent, ou même ne savent pas lire, et le grand nombre des permis donnés par les autorités diverses dans des termes vagues à des cantiniers, à