Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 91.djvu/327

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES MOBILISÉS


AUX AVANT-POSTES




Depuis six semaines, un grand nombre des compagnies de guerre de la garde nationale ont pris successivement le service des avant-postes, et peut-être déjà sont-elles engagées contre l’ennemi. Ce qu’avait prescrit le décret du 9 novembre, qui constituait les bataillons de marche, a été fait en quelques jours. Il est facile aujourd’hui de rechercher comment les principales dispositions du décret ont été comprises et appliquées, d’examiner en rappelant des faits précis, en citant des chiffres, les critiques qui au mois de novembre ont eu le plus de prise sur l’opinion, il est facile surtout de dire comment ces soldats si neufs ont fait leurs preuves, la vie qu’ils ont menée aux grand’gardes, et pourquoi on peut être certain qu’ils répondront aux espérances que Paris et le pays ont mises en eux. Le temps n’est pas aux longues recherches ni aux travaux complets et faits à loisir ; mais si nous voulons, au milieu de nos épreuves, nous entretenir des raisons que nous avons de mieux aimer chaque jour la cause que nous défendons et de nous fortifier, sans vaine illusion, contre les découragement qui seraient notre perte, notre nouvelle armée est certes un des sujets qu’il est bon d’étudier à cette heure.

I.

Ce fut le 18 octobre seulement, quand nous étions déjà investis depuis un mois, que le gouvernement de la défense appela une partie de la garde nationale à un service extérieur ; il ne s’adressait encore qu’aux volontaires. Au gré du public de Paris, naturellement nerveux et surexcité par toutes les émotions du siège, on avait attendu trop longtemps. Du 4 septembre jusqu’au milieu du mois