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LA MARINE


AU SIÈGE DE PARIS.




Si l’histoire du siège de Paris n’est point à écrire encore, on peut du moins en préparer les matériaux au cours des événemens. Ce que les diverses armes de terre et de mer auront fourni à la défense commune, on le saura plus tard ; pour le moment, il suffit d’ouvrir à chacune un dossier où toute impression recueillie sur les lieux, toute information sûre, tout document essentiel, se classeront à leur date comme pièces à consulter ; c’est ce que j’essaierai de faire pour la marine. Évidemment la marine a pris et garde dans ce siège une attitude, une physionomie à part ; aux heures de relâchement, elle n’a donné que de bons exemples, elle a obtenu un succès d’opinion qu’on ne peut méconnaître. Ces titres la désignaient naturellement à une mention particulière.

Il est constant qu’à l’ouverture des hostilités la marine ne s’attendait guère à la tâche qui lui est échue, et dont elle s’acquitte si brillamment. Dans le plan général, si tant est qu’il y ait eu un plan, nos flottes avaient, assure-t-on, un service de mer bien déterminé, et qui devait produire une diversion puissante. Assujettir à un blocus étroit les ports et les côtes de l’ennemi, tenir les uns autant que possible sous le coup de nos canons, les autres sous la menace de perpétuelles alertes, ne laisser de trêve ni aux bâtimens de guerre ni aux bâtimens de commerce, leur infliger, chemin faisant ou dans des stations vigilantes, toutes les représailles que permettrait le droit des gens, c’était sans doute une partie de la mission dévo-