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LES
FINANCES DE L'ANGLETERRE
DEPUIS LES REFORMES DE ROBERT PEEL[1]
1859-1870


III.

On a vu au milieu de quelles circonstances favorables s’était terminée l’année 1858. La guerre de Crimée était loin d’avoir arrêté le développement de la richesse nationale, et les derniers frais de cette guerre étaient sur le point d’être soldés. La progression du revenu public avait permis de réduire l’income-tax à 5 deniers par livre, le taux le plus bas auquel il eût été, et il y avait même tout lieu d’espérer qu’il serait possible de le supprimer en 1860 ; mais deux événemens, l’un indépendant de la volonté de l’Angleterre, l’autre depuis longtemps souhaité par elle comme le couronnement de sa politique commerciale, devaient encore y mettre obstacle.

Au printemps de 1859 éclata la guerre d’Italie. Bien qu’étrangère à la querelle entre la France et l’Autriche, l’Angleterre pouvait cependant d’un moment à l’autre se trouver engagée dans la lutte, et la prudence voulait qu’elle prît ses mesures. De plus elle dut aussi, comme le firent alors toutes les autres puissances, s’occuper de multiplier et perfectionner ses moyens de défense, transformer sa flotte, organiser ses milices et fortifier ses côtes. En conséquence, les crédits de l’armée et de la marine furent augmentés de 5 million ! de liv. st. pour 1859 : au lieu de 5 deniers, l’income-tax fut reporté

  1. Voyez la Revue du 15 novembre.