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LE SIEGE

Depuis que notre cause est sainte,
Paris, redevenu cité,
Sent battre dans sa large enceinte
Son cœur français ressuscité.
Il s’apaise pour se défendre :
Le pauvre au riche daigne apprendre
Le fier labeur des vrais fusils,
Et tous, pour la lutte commune,
Suivent, mêlés par l’infortune,
Les chefs par le salut choisis.

La voix sévère des batailles
Discipline les fanfarons,
Les sceptiques vont aux murailles
Portés par le vent des clairons ;
Le fer rajeuni se façonne,
L’airain coule, s’allonge et tonne ;
On s’enrôle en plein carrefour ;
La jeunesse marche, aguerrie
Par l’âpre amour de la patrie,
Qui fait des hommes en un jour.

Qui songe à la mort se sent lâche,
Qui n’est stoïque se sent vil,
Devant tout le peuple à la tâche,
Sauvé par son propre péril !
Bien qu’abandonné de la terre,
Il a, ce géant solitaire,