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L’augmentation réelle était donc de 8,750,000 liv. sterl. qui s’appliquaient pour 2 millions aux services civils, pour 6 millions aux services de l’armée et de la marine, et pour 750,000 liv. st. aux intérêts de la dette publique, intérêts qu’avaient accrus de 1,400,000 liv. les emprunts récemment contractés, mais qu’avait réduits de 650,000 liv. sterl. en 1854 la diminution d’un nouveau quart sur l’intérêt de l’ancien 3 1/2 pour 100. Quant aux recettes, non-seulement elles s’étaient accrues du produit des surtaxes sur le thé, le sucre et les spiritueux, soit de 4 millions de livres sterling ; mais les 5 millions de livres sterling abandonnés en 1853 sur l’excise et la douane étaient déjà regagnés presque complètement par une augmentation du revenu de ces deux grandes branches d’impôt, et l’accroissement de dépenses se trouvait ainsi plus que comblé. La guerre en effet n’avait pas arrêté le développement de la fortune publique, et il résulte même des recensemens quinquennaux faits pour l’assiette de l’income-tax que les profits du commerce, de l’industrie et de la terre, qui avaient été évalués en 1842 à 154 millions de livres sterling et en 1853 à 172 millions de livres sterling, s’étaient élevés en 1858 à 200 millions de livres sterling, c’est-à-dire que la richesse nationale avait progressé de 12 pour 100 durant les onze premières années, toutes de paix, et de 16 pour 100 durant les six autres, remplies en partie par l’expédition de Crimée. L’avantage avait donc été principalement pour ces dernières, et cela s’explique aisément, si l’on veut bien considérer que l’expédition avait eu lieu dans des conditions exceptionnellement favorables, puisque quatre grandes puissances y avaient pris part, qu’au début de la guerre, les magasins et arsenaux militaires étant à peu près vides, le commerce et l’industrie avaient trouvé un aliment considérable à leur activité dans les commandes de toute nature qui leur avaient été faites, et qu’aussi longtemps que la lutte avait duré, la mer étant restée libre, l’Angleterre avait pu continuer ses communications et rapports habituels avec ses divers marchés d’approvisionnement et de consommation. Du reste, pareille chose à peu près arrivait alors en France, et on se rappelle le mouvement d’affaires auquel y donna lieu la guerre de Crimée.


A. CALMON.