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jours de la session de 1858, le cabinet demanda et obtint un bill d’indemnité pour cette infraction à la loi. Sur ces entrefaites eut lieu en France l’attentat Orsini, attentat qui avait été comploté en Angleterre, et le gouvernement anglais crut devoir à cette occasion proposer un bill contre les conspirations. Ce bill, considéré à tort ou à raison comme un acte de condescendance envers la France, fut rejeté à la seconde lecture, et le cabinet de lord Palmerston dut donner sa démission. Un nouveau ministère, pris dans le parti conservateur, fut constitué, et à sa tête furent placés lord Derby comme premier lord de la trésorerie et M. Disraeli avec les fonctions de chancelier de l’échiquier. Ce fut ce dernier qui eut à faire connaître au parlement les résultats financiers de l’exercice 1857, et à lui soumettre les propositions budgétaires pour 1858. Sans doute les ressources de 1857 n’étaient pas restées au-dessous des prévisions, elles les avaient même dépassées de 1,500,000 liv. sterl. ; mais, à raison des tristes circonstances dont nous avons parlé, les dépenses s’étaient élevées à 70,400,000, et le déficit pour l’exercice était de 2,500,000 liv. sterl. Quant aux prévisions de 1858, l’expédition de Chine n’étant pas terminée et l’ordre n’étant pas encore complètement rétabli dans l’Inde, les services de la guerre et de la marine devaient être maintenus sur le même pied qu’en 1857, et les dépenses étaient évaluées à 67 millions de liv. sterl., y compris 2 millions de liv. sterl. pour le remboursement de la deuxième série des bons de l’échiquier. Il était donc difficile de songer encore à réduire les surtaxes maintenues l’année précédente, et M. Disraeli fut d’avis de les conserver aussi longtemps qu’existeraient les besoins extraordinaires en présence desquels se trouvait le trésor. Toutefois une exception, suivant lui, devait être faite en ce qui concernait l’income-tax. L’engagement avait été pris de supprimer cet impôt en 1860 : cet engagement devait être rempli pour des raisons non-seulement financières, mais aussi de haute politique, et il demandait que, conformément aux clauses du’ bill de 1853, les deniers fussent réduits à 5 pour 1858 et 1859. Or cette réduction allait priver le trésor d’une ressource de 2 millions de liv. sterl., et le chiffre des produits prévus, n’étant plus que de 63 millions de liv. sterl., se trouverait inférieur de 4 millions de liv. sterl. A celui des dépenses. Pour rétablir l’équilibre, M. Disraeli proposa de renouveler les 2 millions de livres sterl. de bons de l’échiquier au lieu de les rembourser, d’employer aux besoins, des services le 1,500,000 liv. sterl. affectées par la loi de 1854 à l’amortissement du dernier emprunt, et le surplus dut être fourni par une surtaxe sur les spiritueux irlandais, soumis ainsi désormais au même tarif que les spiritueux anglais et écossais.

Il n’est pas douteux qu’en principe et en bonne administration un