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Lewis, le nouveau chancelier de l’échiquier, eut à soumettre au parlement pour 1855, les dépenses étaient évaluées à 86,340,000 liv. st., et le produit des impôts existans n’était que de 63,330,000 liv, sterl. Pour couvrir le déficit de 23 millions de livres sterling, le ministre proposa de faire un emprunt en rentes perpétuelles de 16 millions de livres sterling, de demander 5 millions de livres sterling de plus à I’impôt en portant l’income-tax à 16 deniers, en aggravant les taxes sur le thé, le sucre, les alcools irlandais, le timbre, et d’émettre, si les besoins l’exigeaient, 3 millions de billets de l’échiquier. C’était donc une somme totale de 68,300,000 liv. sterl. qu’on devait tirer de l’impôt, et cette somme était la plus considérable qu’il eût jamais encore fournie, car de 72 millions de liv. sterl. qu’il était censé avoir produits en 1815, il fallait déduire 13 pour 100 à raison de la dépréciation du papier avec lequel s’étaient libérés les contribuables, Cependant sir G. Cornewal Lewis ne doutait pas que le pays, dont la richesse s’était si fort accrue pendant quarante ans de paix, ne supportât aisément une pareille charge, et il avait aussi la confiance que, grâce aux mesures qui venaient d’être prises pour assurer les relations commerciales avec les neutres, la guerre ne porterait aucune atteinte à la prospérité nationale.

Nulle objection ne fut faite ni aux 16 deniers de l’income-tax, ni aux autres aggravations d’impôts, ni à l’emprunt, auquel fut même affecté un fonds spécial d’amortissement, bien que depuis plus de vingt ans on eût renoncé à racheter la dette autrement qu’avec les excédans de recettes annuelles. Quelques personnes auraient désiré qu’à l’instar de ce qui venait de se pratiquer en France cet emprunt eût lieu par souscription publique ; mais il fut répondu que la situation n’était pas la même dans les deux pays, qu’en France, les moyens de placemens avantageux manquant aux petites économies, celles-ci avaient pu être attirées dans la rente par l’intérêt de 4 2/3 qui leur avait été offert, tandis qu’en Angleterre, les emplois industriels étant pour elles aussi sûrs que profitables, elles ne se contenteraient probablement pas d’un intérêt de 3 1/2, et le fait vint témoigner de la valeur de l’argument, puisque le gouvernement anglais put négocier son emprunt à 88, tandis que l’emprunt français n’avait été placé qu’à 65.

Cependant, quelque larges que fussent les crédits alloués, ils ne purent suffire à couvrir les besoins. D’un côté, les douanes et l’excise produisirent 1,500,000 liv. sterl. de moins qu’on n’avait espéré ; de l’autre, les dépenses s’élevèrent à 88,400,000 liv. sterl., excédant les prévisions de 2,400,000 liv. sterl., de sorte qu’au commencement de 1856 il fallut faire un nouvel emprunt de 5 millions, qui fut pris par M. de Rothschild au prix de 90 ; mais la guerre