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de 5 deniers seulement, aux revenus de 100 à 150 liv. st., revenus qui avaient suffisamment bénéficié des réformes fiscales opérées depuis 1842 pour ne pas rester plus longtemps exempts des charges communes, et l’Irlande, jusqu’alors dispensée d’y contribuer, y était enfin soumise. En effet, les surtaxes sur le timbre et les spiritueux auxquelles elle avait été assujettie en 1842 n’existaient plus depuis longtemps ; il lui avait en outre été fait remise des intérêts de la dette de 8 millions de liv. sterl. contractée pour lui venir en aide en 1848, et dès lors toute exception maintenue en sa faveur ne pouvait plus être qu’une injustice faite à l’Angleterre et à l’Ecosse.

Les revenus de 100 à 150 liv. sterl. devant donner 250,000 et ceux d’Irlande 450,000 liv. sterl., le produit de l’income-tax allait donc s’élever de 5,500,000 à 6,200,000 liv. st. pour retomber en 1855 à 5,400,000 liv. st., en 1857 à 4,500,000 liv. st., et disparaître complètement en 1860. C’étaient donc 10 millions de liv. sterl. que le trésor aurait abandonnés au bout de sept années sur l’income-tax et les autres impôts ; mais comment se trouverait alors compensé pour lui ce sacrifice ? D’abord, à partir de 1854, l’intérêt de la rente 3 1/4 devrait être réduit à 3 en vertu du bill de conversion de 1844, et il y avait là un gain de 630,000 liv. sterl. De plus, chaque année en moyenne, 80,000 liv. sterl. de rentes étaient rachetées ; rien ne faisait supposer que cette moyenne pût diminuer, et en huit années il y avait là encore un autre gain de 640,000 liv. sterl. Enfin 2,150,000 liv. st. d’annuités à terme devaient s’éteindre en 4860, et le seul chapitre de la dette devait présenter ainsi une économie de 3,420,000 liv. sterl. D’un autre côté, M. Gladstone proposait d’étendre à tous les biens immeubles transmis par testament ou hérédité naturelle les droits de succession, qui jusqu’alors n’étaient perçus que sur les meubles, d’augmenter le droit sur les spiritueux écossais, sur les patentes, et de ce chef il espérait 2,600,000 liv. st. Restaient à trouver 5 millions de liv. st. pour rétablir la balance. En moins de huit années, les remises de taxes faites en 1842 et 1845 avaient été complètement retrouvées ; nul doute qu’il n’en fût de même pour celles que le gouvernement soumettait à l’approbation du parlement. Elles donneraient une impulsion nouvelle à l’activité industrielle et commerciale, et, grâce à l’accroissement de consommation et de transactions qui en serait la conséquence inévitable, les 5,400,000 liv. st. abandonnées sur les taxes indirectes seraient à peu près récupérées en 1860.

Il est sans intérêt de rappeler ici la discussion longue et toute de détail à laquelle donna lieu le projet de M. Gladstone ; il nous suffira de dire qu’après avoir subi diverses modifications concernant quelques-unes des surtaxes ou décharges proposées, le budget de 1853 fut arrêté à 52,575,000 liv. st. en recettes et à 52,085,000 liv. st.