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aujourd’hui retrancher ces trois héroïques cités de notre territoire se trouvent les descendans des princes qui au XVIe siècle en avaient eux-mêmes doté la France comme d’un monument de leur gratitude. La cession des trois évêchés fut en effet le prix de notre intervention dans les affaires de l’Allemagne à l’époque de sa lutte contre l’oppression de Charles-Quint. Une assistance loyale et dévouée de notre part fut alors récompensée par l’abandon volontaire des trois villes, abandon confirmé cent ans après par la paix de Westphalie, qui rétablit définitivement l’Allemagne dans son antique liberté, grâce encore aux bons offices de la France. Schiller a composé d’une verve indignée une ballade admirable, que tous les Allemands savent par cœur, contre le Faustrecht, le droit du plus fort. C’est ce droit qu’il s’agit aujourd’hui d’appliquer à la France. Exoriare aliquis nostris ex ossibus ultor !


I

Les descendans de Rodolphe de Habsbourg avaient eu beaucoup de peine à recouvrer au XVe siècle l’élection impériale, que les rivalités des autres maisons princières d’Allemagne leur avaient disputée et ravie pendant longtemps. Deux brillans mariages avaient depuis lors élevé la maison d’Autriche à l’apogée de la fortune. Elle avait recueilli la plus belle part de l’héritage de Bourgogne, ainsi que la succession de Ferdinand et d’Isabelle, et la couronne de Hongrie lui apparaissait en perspective. L’orgueil de l’Allemagne fut flatté de voir la couronne impériale portée par les princes les plus riches de l’Europe ; mais ce pays y risqua sa liberté. À la mort de Maximilien Ier (1519), son petit-fils, déjà roi d’Espagne, emporta l’élection sur son concurrent, le roi de France, François Ier. L’Allemagne redoutait alors un péril permanent qui n’existe plus pour elle, l’incursion des Turcs dans la vallée du Danube. La puissance territoriale de Charles-Quint, qui joignait à ses vastes domaines autrichiens les ressources des Pays-Bas et des Espagnes, parut aux Allemands offrir, pour leur défense et leur sécurité, plus d’avantages que l’élection de François Ier. Aucun intérêt ne divisait alors la France et l’Allemagne ; il n’en était pas de même de l’Espagne et des Pays-Bas, où les limites avec la France étaient en litige.

En ce point, l’élection de 1519 était un péril pour nous, et l’empereur élu devenait un voisin redoutable, qui nous menaçait à la fois au nord, à l’est et au midi. L’Allemagne n’avait pas cru devoir s’en préoccuper. C’était son droit ; mais elle prit pour elle-même