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supérieure des travaux[1]. Ainsi, quatre mois après l’avènement d’une monarchie qui proclamait dans toute l’Europe ses tendances pacifiques, mais qui se montrait décidée à repousser sans faiblesse toute atteinte à sa dignité, la construction des fortifications de Paris était résolue en principe. Le maréchal Soult faisait commencer aussitôt à Noisy-le-Sec un camp retranché qui devait être appuyé sur la Marne à Nogent et sur la Seine à Saint-Denis. Certains travaux de défense couvraient cette dernière ville ; malheureusement le défaut d’argent ne permit pas de les pousser avec l’activité nécessaire.

Près de 2 millions furent consacrés en 1831 à la défense de Paris ; une somme semblable fut affectée à ce service en 1832. Ce n’était pas ainsi que pouvait être achevée une telle œuvre. Les querelles de systèmes et le besoin d’économie élevaient sans cesse de nouveaux obstacles au vote des chambres. Deux plans divisaient les meilleurs esprits : tandis que le général Valazé soutenait, la nécessité d’une enceinte bastionnée, le général Bernard lui préférait une série de forts détachés. Le comité des fortifications, consulté par le maréchal Soult, se montra favorable aux forts détachés, se contentant du mur d’octroi pour toute protection contre une surprise (25 octobre 1832).

En 1833, la question se posa de nouveau. Le ministère du 11 octobre 1832, fidèle à la pensée qui n’avait cessé de guider le gouvernement du roi, proposa d’affecter 2 millions 1/2 à la construction des fortifications de Paris. Quoique prévenue par les débats de l’année précédente, la chambre se montra peu disposée à se lancer, par le vote d’un simple article du budget, dans une entreprise gigantesque qui méritait au moins un examen spécial. Le maréchal Soult aurait préféré des votes annuels qui auraient réservé au génie militaire une plus grande liberté d’action ; mais les députés refusèrent de s’engager dans cette voie, et obtinrent du ministère la promesse qu’un projet de loi fournirait l’occasion d’un débat solennel.

Le gouvernement se garda bien d’ajouter à ce retard de nouveaux délais. La chambre avait exprimé son vœu le 2 avril. Le lendemain même, M. Thiers, alors ministre du commerce, déposait au nom du ministre de la guerre malade un projet de loi qui réclamait l’affectation d’une somme de 35 millions aux travaux de défense de Paris. Le 5 avril, les commissaires étaient nommés. Il ne fallut que peu de jours à la commission, pour se mettre d’accord, et dès le 22 le rapporteur lisait à la tribune un travail complet sur la

  1. Le 30 novembre 1830, le comité des fortifications émit à l’unanimité moins une voix l’avis : 1° que le mur d’octroi actuel soit organisé pour la défense et muni de tours pour assurer le flanquement de toutes les parties ; 2° qu’on étudie les projets de dix à onze forts à construire en avant, lesquels forts seront fermés à la gorge et rattachés à l’enceinte actuelle par des communications défensives.